SENTINELLE SUD

Solidarité entre frères d'armes

De retour d'Afghanistan, Christian (Niels Schneider) a du mal à trouver sa place dans le civil (©UFO Distribution).
De retour d'Afghanistan, Christian (Niels Schneider) a du mal à trouver sa place dans le civil (©UFO Distribution).

La solidarité entre soldats et la difficile reconversion dans la vie civile: c'est la trame de départ du premier film du réalisateur français Mathieu Gerault, SENTINELLE SUD (ce mercredi 27 avril sur les écrans), qui oscille entre chronique sociale et film noir.

Niels Schneider est l'acteur principal de ce film, omniprésent dans presque toutes les scènes. Il interprète Christian, un jeune soldat qui revient d'Afghanistan et qui, après une enfance difficile, n'a jamais travaillé dans le civil.

Repartir

Il ne fait plus officiellement partie de l'armée et a trouvé un petit job de manutentionnaire et homme de ménage dans un supermarché. Mais son rêve est de s'engager à nouveau et de repartir, de retrouver ses compagnons d'armes militaires.

Il revoit régulièrement certains membres de son commando, Mounir (Sofian Khammes), blessé au combat, et Henri, hospitalisé et dans un fauteuil roulant, lui aussi des suites de ses blessures.

Trafiquants tsiganes

Son retour à la vie civile, entre alcoolisme et déprime, est perturbé par le chef d'une bande de trafiquants et délinquants tsiganes, qui avait donné à Henri une grosse somme d'argent contre une commande d'opium à rapporter d'Afghanistan.

Pour effacer la dette, le trafiquant propose à Christian et Mounir de travailler pour lui et de s'engager dans la petite délinquance. Mais Christian conserve des liens avec le commandant de son bataillon (Denis Lavant), responsable d'une attaque sur le front de guerre qui s'est terminée en embuscade fatale à plusieurs soldats français et a fait des morts parmi les enfants d'un village afghan. Et cette attaque a peut-être un lien avec cette affaire d'opium…

Film noir

"SENTINELLE SUD est à la croisée des genres. C'est un film noir: dette, braquage, tentation criminelle, mort des amitiés… Mais c'est aussi une chronique sociale et politique, un retour de guerre avec ses difficultés", explique le jeune réalisateur Mathieu Gerault.

Son film, à l'ambiance lourde et grave, mais parfois teinté d'espoir (notamment vers la fin), est en effet à la fois une description de l'état d'esprit de ces soldats de retour de guerre (guerre extérieure, mais pas de paix intérieure au retour) et un polar dans lequel Christian et Mounir, contraints par le chef des trafiquants tsiganes, vont devoir sortir de la légalité et notamment commettre un braquage contre une bijouterie.

Frères d'armes

Les deux aspects du film (le choc post-traumatique des soldats après un conflit, le film noir avec ses séquences de tension et de suspense) sont bien équilibrés et tous les deux réussis. Et cette solidarité entre frères d'armes militaires n'est pas sans rappeler un film récent, LA TROISIÈME GUERRE (centré cependant sur Vigipirate et non sur des guerres extérieures).

Sofian Khammes crève l'écran

Aux côté de Niels Schneider, impressionnant et très présent ces derniers temps sur les écrans (UN AMOUR IMPOSSIBLE; CURIOSA; LES CHOSES QU'ON DIT, LES CHOSES QU'ON FAIT), Sofian Khammes, qui interprète Mounir, est la révélation du film et lui vole la vedette, crevant l'écran par son bagout et sa présence chaque fois qu'il apparaît.

Les relations de solidarité et d'amitié entre les personnages sont aussi importantes, dans ce film, que les rebondissements de l'histoire et le suspense de la dernière demi-heure. "Dans une intrigue de film noir, je voulais avant tout parler de l'innocence, de fraternité, et de notre besoin de communion", conclut le réalisateur.

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"C'est qui ta famille? L'armée?" (le chef des trafiquants tsiganes, à Niels Schneider).

 

Sentinelle sud

(France, 1h36)

Réalisation: Mathieu Gerault

Avec Niels Schneider, Sofian Khammes, Denis Lavant

(Sortie le 27 avril 2022)


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