LES 7 MERCENAIRES

Denzel Washington chef de bande

Les sept mercenaires vont aider les villageois à résister au méchant (©Sony Pictures).
Les sept mercenaires vont aider les villageois à résister au méchant (©Sony Pictures).

Les remakes se succèdent à Hollywood. Dernier en date: LES 7 MERCENAIRES, réalisé par Antoine Fuqua, qui, une fois n'est pas coutume, n'a pas à rougir de la comparaison avec l'original.

Le film de John Sturges de 1960, remake lui-même des 7 SAMOURAÏS (1954) d'Akira Kurosawa, réunissait une belle brochette d'acteurs autour de Yul Brynner: Steve McQueen, Charles Bronson, Robert Vaughn et Eli Wallach dans le rôle du méchant. Côté distribution, le remake 2016 n'est pas mal non plus avec Denzel Washington en chef de bande, épaulé notamment par Ethan Hawke et Chris Pratt, remarqué récemment dans LES GARDIENS DE LA GALAXIE et JURASSIC WORLD et nouvelle coqueluche d'Hollywood.

Quelques détails dans le scénario ont changé, mais l'histoire globale reste la même. En 1879, dans la petite ville américaine de Rose Creek, les habitants sont terrorisés par un homme d'affaires cruel et sans scrupules, Bartholomew Bogue (le très, très méchant Peter Sarsgaard), qui les force à vendre leurs terres à bas prix.

Pour cela, aidé de quelques complices dans la ville, il emploie la violence. Un jour, pour faire céder ceux qui résistent encore, lui et ses hommes de main débarquent dans l'église, y mettent le feu, et tuent à bout portant une demi-douzaine de villageois devant leurs proches et amis. En promettant de revenir dans trois semaines pour signer les actes de vente.

Comme la vengeance est un plat qui se mange chaud, Emma, une jeune femme dont le mari a été assassiné sous ses yeux, réunit ses dernières économies et décide de faire appel à un inconnu débarqué dans la ville, un officier de justice assermenté, solitaire et fine gâchette, tout de noir vêtu (Denzel Washington).

L'homme accepte de l'aider et va engager en quelques jours six hors-la-loi, chasseurs de primes, joueurs ou tueurs à gages: un joueur de cartes, beau parleur et joli cœur (Chris Pratt), un tireur d'élite tourmenté (Ethan Hawke) et son associé asiatique as du couteau, un Indien comanche avec peintures de guerre sur le visage, un Mexicain hors-la-loi en cavale, et un chasseur des montagnes solitaire et porté sur la religion.

Ces mauvais garçons passés, moyennant finances, du bon côté de la société, vont apprendre aux villageois à se défendre et vont attendre, avec eux et à leurs côtés, le retour en nombre des malfrats de Bogue…

Comment des méchants deviennent des gentils quand ils trouvent plus méchant qu'eux et se transforment, en écoutant leur cœur, en association de bienfaiteurs: le thème a semblé toujours d'actualité au réalisateur américain Antoine Fuqua, qui retrouve Denzel Washington pour la troisième fois après TRAINING DAY (2001) et EQUALIZER (2014). "Je me suis demandé pourquoi faire un western maintenant, si cela avait du sens. La réponse, c’est le thème de la tyrannie, bien présente dans le monde d’aujourd’hui. Voilà ce qui rendait le film pertinent. Il faut un groupe de gens très particuliers pour faire front ensemble contre le pouvoir d’un despote", explique-t-il.

Contrairement au récent remake de BEN HUR par exemple, ce western moderne filmé à l'ancienne, avec rythme et efficacité, bien cadré et bien éclairé, n'a rien à envier à l'original de 1960, qui multipliait les temps morts et les scènes sentimentales. On retrouve ici tout ce que l'on aime dans le genre: chevaux, poussière, saloon, jeux de cartes, whisky, prostituées, colts et fusils, feux de camp, falaises et grands espaces, Indiens, barbier, duels au soleil, défis yeux dans les yeux, shérif véreux, lâches et courageux, banque à l'enseigne "First Bank", potences, mines d'or, bâtons de dynamite, cigares qu'on machouille, amitié virile, fusillades collectives –et bien sûr un final explosif.

Bref, c'est plutôt réussi, avec un Denzel Washington très charismatique et un épilogue où le suspense réside dans le nombre de mercenaires qui resteront vivants parmi les 7. Quant à la célèbre musique du film de 1960, il faudra attendre le générique de fin pour l'entendre à nouveau avec un plaisir nostalgique…

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"Ce pays a assimilé la démocratie au capitalisme et le capitalisme à Dieu" (le méchant, Bartholomew Bogue, au début, dans l'église avant d'y mettre le feu).

 

LES 7 MERCENAIRES

("The Magnificent Seven") (États-Unis, 2h13)

Réalisation: Antoine Fuqua

Avec Denzel Washington, Chris Pratt, Ethan Hawke

(Sortie le 28 septembre 2016)