LA PLANÈTE DES SINGES: SUPRÉMATIE

La guerre continue

Sur leur route, les singes vont rencontrer une petite fille muette, atteinte du virus de la grippe simiesque (©20th Century Fox).
Sur leur route, les singes vont rencontrer une petite fille muette, atteinte du virus de la grippe simiesque (©20th Century Fox).

Entre les hommes et les singes, la guerre continue. Dans le troisième volet de la trilogie LA PLANÈTE DES SINGES, intitulé SUPRÉMATIE, César le singe qui parle est confronté à un dilemme: vengeance ou pacifisme?

L'action se situe 15 ans après l'expérience scientifique du premier épisode, LES ORIGINES (2011), qui avait mal tourné: en tentant de mettre au point un vaccin contre la maladie d'Alzheimer, les chercheurs avaient créé un virus qui a décuplé l'intelligence des singes (un bébé singe nommé César s'est mis à parler) mais a répandu la grippe simiesque qui s'est propagé sur la planète et a bien failli détruite l'espèce humaine.

Depuis, alors que les hommes ont presque disparu de la surface de la Terre, les singes ont prospéré dans la forêt au nord de San Francisco, puis ont été attaqués par un groupe de survivants humains, ce qui a déclenché la guerre entre les deux espèces, malgré l'attitude pacifiste de César, comme le racontait le deuxième épisode de la trilogie, L'AFFRONTEMENT (2014).

Aujourd'hui, César et les siens sont repliés dans la forêt, mais des unités spéciales de l'armée continuent de les traquer. Un commando de ces soldats, dirigés par un colonel sans pitié (Woody Harrelson), parvient à localiser le groupe de singes et les attaque. Ces derniers parviennent à s'échapper, mais la femme et le fils aîné de César sont tués dans l'affrontement.

César décide alors, accompagné des siens, de se mettre en route pour retrouver le colonel et se venger. Après plusieurs jours de route, les singes découvrent le camp militaire dirigé par le colonel, à flanc de montagne, où vit une sorte de milice qui a affiché sur une banderole accrochée à un mur qu'"un bon Kong est un Kong mort". Cette milice détient prisonniers des dizaines de singes et cherche à exterminer leur espèce, mais a comme instruction de maintenir la pureté de l'humanité en tuant aussi les êtres humains atteints du virus, qui est devenu dégénérescent –ceux qui en sont atteints ont perdu l'usage de la parole.

César va avoir le cas de conscience de sa vie: se venger en tuant le colonel, ou rester fidèle à ses idées de coexistence pacifique entre les hommes et les singes. Car désormais, comme l'indique le titre de ce troisième épisode, il s'agit de suprématie: qui va diriger planète?...

"Ce que vit César dans ce film diffère de tout ce qu’il a traversé auparavant, car il se bat avant tout contre lui-même", explique le réalisateur Matt Reeves, qui avait déjà réalisé le film précédent. Si la guerre continue, il était temps que la trilogie s'achève, car le scénario manque ici un peu d'originalité et déçoit par rapport aux deux précédents films de la trilogie, surtout le premier. 

 Bien sûr au cours des deux heures et demie de film, quelques éléments nouveaux viennent titiller le spectateur: la rencontre d'une gamine muette car atteinte du virus simiesque et que les singes vont prendre sous leur protection, celle d'un petit chimpanzé rigolo rescapé d'un zoo et trouvé dans une station de ski abandonnée, le colonel des forces spéciales qui n'est pas sans rappeler le colonel Kurtz interprété par Marlon Brando dans APOCALYPSE NOW. D'ailleurs le réalisateur et son scénariste Mark Bomback avouent s'être inspirés, pour ce film qui a des airs de western et de film de guerre avec prisonniers, de films tels que LE PONT DE LA RIVIÈRE KWAÏ, LA GRANDE ÉVASION, voire BEN HUR et LES DIX COMMANDEMENTS (César nouveau Moïse guidant son peuple vers une nouvelle terre promise).

Les singes montent à cheval, manient des armes, articulent quelques mots ou utilisent le langage des signes, et le film n'échappe pas à l'opposition simpliste entre gentils singes et méchants humains (plus précisément: méchants militaires). Les décors sont superbes (plages, forêts, montagnes, neige), et la technique de la "performance capture" est complètement maîtrisée: les singes ne sont pas des mannequins ou de vrais singes dressés, ils sont joués par de vrais acteurs humains, recouverts d'une combinaison moulante parsemée de capteurs, que l'ordinateur transforme ensuite en singes –et dans ce domaine le maître du genre reste Andy Serkis, qui interprète César.

Cette trilogie devait mettre un point final au reboot/remake des films originaux, tirés du roman de l'écrivain français Pierre Boulle au début des années 60: le premier film porté à l'écran en 1968 par Franklin J. Schaffner avec Charlton Heston et les quatre qui ont suivi entre 1970 et 1973, sans compter le remake de Tim Burton avec Mark Dahlberg en 2001. Mais en matière de trilogie, comme dans la recette du picon-curaçao-citron du film MARIUS, tout dépend de la grosseur des tiers: on n'abandonne pas un filon qui rapporte et la trilogie aura sans doute un quatrième épisode, a laissé entendre en octobre dernier le réalisateur Matt Reeves. La guerre continue...

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"Je n'ai pas provoqué cette guerre"  (César).

 

LA PLANÈTE DES SINGES - SUPRÉMATIE

("War For The Planet Of The Apes") (États-Unis, 2h20)

Réalisation: Matt Reeves

Avec Andy Serkis, Woody Harrelson, Steve Zahn

(Sortie le 2 août 2017)