Le garçon deux-en-un
Un orphelin de 8 ans doté d'un pouvoir secret grandit dans une famille en prenant la place d'un autre: c'est le point de départ du film familial mais fantastique LA DERNIÈRE VIE DE SIMON.
L'histoire commence comme une chronique familiale toute simple. En Bretagne, Simon, qui vit dans un orphelinat, se fait deux nouveaux copains de son âge lors d'une sortie avec d'autres enfants de la région: Thomas et sa petite sœur Madeleine. Les parents de ceux-ci l'invitent souvent à la maison, et les trois enfants deviennent vite inséparables, Simon trouvant ainsi une famille d'accueil tous les week-ends.
Ils décident de se confier un secret. Celui de Simon est beaucoup moins banal que ceux de Thomas et Madeleine. Il a un don surnaturel, qu'il leur montre: il est capable de prendre l'apparence physique de chaque personne qu'il a déjà touchée –un peu comme le personnage de Mystique (Jennifer Lawrence) dans les X-MEN.
Thomas et Madeleine promettent de garder le secret. Mais un drame survient: Thomas et Simon font tous les deux une sortie en forêt, habillés pareil. Thomas tombe dans une profonde crevasse et disparaît. Quand Simon rentre à la maison, il décide de prendre l'apparence de Thomas et prend sa place dans la famille. Tout le monde fait le deuil de Simon, orphelin porté disparu et dont le corps n'a pas été retrouvé.
Une dizaine d'années plus tard, Thomas (en réalité Simon, donc) a son avenir tout tracé dans la miroiterie de son père. Madeleine est devenue une jolie jeune fille libérée, mais dont l'espérance de vie est incertaine à cause d'une opération cardio-pulmonaire qui date de son enfance. Pour le (faux) frère et la sœur, c'est bientôt l'entrée dans l'âge adulte, c'est l'âge des jeux dangereux et des remises en question. Surtout quand on a passé dix ans dans le corps d'un autre…
C'est le premier long-métrage de Léo Karmann, 30 ans, fils de l'acteur et réalisateur Sam Karmann. Avec sa complice la coscénariste Sabrina B. Karine, il a voulu commencer son film comme une histoire familiale et intimiste, avant de le faire virer au fantastique puis au thriller, avec comme fil conducteur ce personnage d'orphelin qui se fait passer pour un autre pour qu'on l'aime davantage.
"Une de nos références, c’est «E.T.» de Spielberg: il commence lui aussi dans une sphère intime (un alien dans une maison) et se termine par une course-poursuite suivie par le monde entier", explique-t-il. "On souhaitait que notre film épouse ce genre de trajectoire: un enfant qui a un secret qu’il dévoile à ses copains, une histoire intime que seuls les personnages principaux et les spectateurs partagent, avant que le monde entier, dans sa cruauté face à l’inconnu, ne menace ce fragile équilibre…"
Les acteurs sont des visages inconnus du grand public: d'abord les trois gamins, puis les jeunes adultes Camille Claris, Benjamin Voisin et Martin Karmann (le frère du réalisateur et autre fils de Sam Karmann). Ils apportent une belle fraîcheur à une histoire originale, au suspense bien mené et dont on se demande comment elle va s'achever –même si, vers la fin, c'est un peu cousu de fil blanc.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"Moi, je suis allergique aux patates. C'est pas aussi grave que de pas avoir de parents, mais j'ai pas le droit de manger de frites" (Thomas à Simon, lors de leur rencontre, à 8 ans).
(France, 1h43)
Réalisation: Léo Karmann
Avec Benjamin Voisin, Martin Karmann, Camille Claris
(Sortie le 5 février 2020)