Ian McKellen et Helen Mirren, le chat et la souris
Tout le monde le sait: mentir, c'est tout un art. Ian McKellen et Helen Mirren en donnent la preuve et jouent au chat et à la souris dans L'ART DU MENSONGE, thriller psychologique et sentimental.
On est à Londres, en 2009. Roy Courtnay (Ian McKellen) est un escroc professionnel qui a une nouvelle cible: Betty McLeish (Helen Mirren), récemment devenue veuve, dont la fortune s'élève à trois millions de livres. Tous deux se rencontrent via un site internet et, bientôt, à cause d'une blessure au genou –son premier mensonge–, Roy s'installe dans la chambre d'ami de la villa de Betty en banlieue.
Son but est simple: siphonner l'argent de sa victime en ouvrant un compte commun. Peu à peu en effet, il réussit à construire une relation de confiance, voire d'amitié, avec Betty. Celle-ci semble la victime idéale, et son petit-fils s'inquiète de cette situation. Mais il ne faut pas se fier aux apparences…
"On sait bien que les méchants peuvent être bourrés de charme, au point que les spectateurs peuvent finir par être de leur côté. C’est intéressant d’essayer de les rendre complices de ces personnages et de tromper leur attention pour les empêcher de commencer à se poser des questions", explique le réalisateur américain Bill Condon, dont le dernier film, en 2017, était le remake pour Disney de LA BELLE ET LA BÊTE, avec Emma Watson.
Pendant une heure, le scénario a du mal à démarrer. Et puis l'action prend une autre tournure, le suspense monte, le plus gros mensonge de Roy n'est pas celui qu'on croit, et le film se conclut par une demi-heure vertigineuse, voire abracadabrante, avec des rebondissements que le spectateur ne pouvait imaginer. "Ce qui me plait le plus, c’est d’imaginer comment le public va reconstituer ce puzzle complexe avec tous ses rebondissements. Ce ne sont pas seulement les rebondissements qui vont surprendre les gens, mais comment ils surviennent et leur raison d’être", dit le réalisateur.
Le film est porté par un formidable duo d'acteurs qui ont passé l'âge de jouer la séduction mais sont savoureux, réunis pour la première fois au cinéma: Ian McKellen, 80 ans, le Gandalf des trilogies LE SEIGNEUR DES ANNEAUX et LE HOBBIT, parfait manipulateur et faux-jeton; et Helen Mirren, 74 ans, Oscar de la meilleure actrice en 2006 pour THE QUEEN et étonnante récemment dans ANNA de Luc Besson, et qui ici se révèle diaboliquement rusée –mais on ne s'en aperçoit que tardivement.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"En un instant, tout peut changer" (Ian McKellen, mystérieux).
("The Good Liar") (États-Unis, 1h50)
Réalisation: Bill Condon
Avec Helen Mirren, Ian McKellen, Russell Tovey
(Sortie le 1er janvier 2020)