IL ÉTAIT TEMPS

Si c'était à refaire

L'important c'est d'en rire (©Universal Pictures)
L'important c'est d'en rire (©Universal Pictures)

Si c'était à refaire... Qui n'a pas employé cette expression, après un rendez-vous amoureux raté, un entretien professionnel décevant, un match de foot perdu, une occasion manquée?
Tim, le jeune Anglais personnage principal du film IL ÉTAIT TEMPS, ne se pose plus la question. Si c'était à refaire, il referait. Quand il a eu 21 ans, son père lui a révélé l'un des secrets des hommes de la famille: la capacité de revenir dans le temps.
Pas de changer le cours de l'histoire, non, pas la possibilité ''de tuer Hitler ou de coucher avec Hélène de Troie''. Ce don de retour en arrière ne s'applique que pour des événements bien précis, récents ou lointains, déjà vécus dans sa propre existence. Avec la possibilité, pour chaque événement, d'en écrire une seconde version (ou une troisième, ou une quatrième...) –et d'en subir les conséquences.
Si c'était à refaire... L'été de ses 21 ans, pendant les vacances dans la grande maison familiale sur les côtes de Cornouailles, Tim teste donc ses nouvelles capacités sur Charlotte, une blonde sexy qui l'émoustille. Avec plus ou moins de succès.
Les choses sérieuses commencent à la rentrée scolaire, à Londres, quand il entame des études pour devenir avocat. Toujours à la recherche de l'âme soeur, ou de l'amour de sa vie, il rencontre Mary, lectrice chez un éditeur. La première rencontre a lieu dans un restaurant où les clients dînent dans le noir. Ou, si c'était à refaire, dans un musée. Ou, si c'était à refaire, dans une soirée entre amis...
Timide mais pas tant que ça, sérieux mais doté d'un humour ravageur, Tim va parvenir à ses fins: après plusieurs tentatives, séduire enfin Mary. Mais faudra-t-il toujours recommencer les choses pour bien les faire? Et vivre, avec l'être aimé, dans le mensonge?...
Un jeune acteur aussi inconnu que roux, bonne tête sympa de grand dadais farceur, Domhnall Gleeson, a été choisi pour le rôle principal. Il donne la réplique à Rachel McAdams, dont le visage commence à devenir familier aux cinéphiles (PASSION de Brian De Palma, À LA MERVEILLE de Terrence Malick, MIDNIGHT IN PARIS de Woody Allen) et dont le rire charmeur est l'un des atouts.
D'origine néo-zélandaise mais installé à Londres depuis 35 ans, le réalisateur Richard Curtis est LE spécialiste de la comédie à l'anglaise de ces dernières années: c'est lui qui a écrit les scénarios de QUATRE MARIAGES ET UN ENTERREMENT, COUP DE FOUDRE À NOTTING HILL, MISTER BEAN, LE JOURNAL DE BRIDGET JONES et LOVE ACTUALLY (qu'il a réalisé lui-même).
Il y a donc beaucoup de charme, de l'humour anglais, de savoureux personnages secondaires et des dialogues bien ciselés dans cette comédie romantique dans laquelle il est aussi question de l'affiche d'AMÉLIE POULAIN, de Kate Moss, d'Abbey Road, du métro de Londres, d'enfants, de mariage et d'enterrement.
Richard Curtis n'a pas abusé des facilités scénaristiques du retour dans le temps: de LA MACHINE À EXPLORER LE TEMPS à RETOUR VERS LE FUTUR, de C'EST ARRIVÉ DEMAIN à UN JOUR SANS FIN, de LA PLANÈTE DES SINGES aux VISITEURS, le cinéma a beaucoup donné dans le flash-back. A la place, le réalisateur a voulu doubler son amusante love story d'une émouvante histoire familiale, en insistant sur les relations entre Tim et son père.
Celui-ci est interprété par Bill Nighy, dont le grand public connaît le visage sans forcément mettre un nom dessus. L'humour de son personnage, avec une pointe de sensibilité (sensiblerie, diront les détracteurs), achève de donner au spectateur au coeur tendre et à la larme facile le sentiment qu'il ne regrette pas son ticket de cinéma. Si c'était à refaire...
Jean-Michel Comte 

LA PHRASE
''Ce n'est pas une blague'' (le père, à son fils, au début, en lui révélant le secret des hommes de la famille).

IL ÉTAIT TEMPS
(''About Time'') (Grande-Bretagne, 2h03)
Réalisation: Richard Curtis
Avec Domhnall Gleeson, Rachel McAdams, Bill Nighy
(Sortie le 6 novembre 2013)