Narco-trafiquants mexicains et décolletés de Charlize Theron
Humour noir et action sur le ton de la comédie sont les deux ingrédients principaux du film GRINGO, du réalisateur Nash Edgerton, histoire à rebondissements de narco-trafiquants et de firme pharmaceutique entre Chicago et le Mexique.
Au début, il y a le bon et les deux méchants. Le bon, c'est Harold Soyinka (David Oyelowo), qui travaille pour un groupe pharmaceutique de Chicago dirigé par les deux méchants, Richard Rusk (Joel Edgerton) et sa maîtresse Elaine Markinson (Charlize Theron). Il croit avoir toute leur confiance: c'est lui qu'ils ont choisi pour superviser l'usine mexicaine qui fabrique des pilules de cannabis à usage médical.
Mais quand tous les trois se rendent dans cette usine, au Mexique, pour exiger que cesse le trafic illégal de marijuana que le couple de dirigeants avait autorisé avec un cartel local (parallèlement à leur production pharmaceutique légale, et à l'insu d'Harold), les ennuis commencent.
Richard et Elaine croient avoir réglé l'affaire et rentrent à Chicago, mais Harold reste sur place. Quelques jours plus tard, il leur téléphone, affirmant avoir été enlevé par les narco-trafiquants en échange d'une rançon. C'est faux: il est simplement caché dans un petit hôtel et cherche à se venger du couple, car il a appris qu'il allait bientôt être licencié.
Hélas pour lui les ennuis vont s'accumuler et, très vite, le mensonge va devenir réalité: les tueurs du cartel sont à ses trousses –entre autres. Il ne peut désormais que compter sur lui-même pour rester en vie…
C'est l'acteur britannique David Oyelowo, pas habitué aux comédies et surtout connu pour son interprétation de Martin Luther King dans le film SELMA en 2015, qui tient le rôle principal de ce film mêlant action et comédie. Il y joue un loser pris dans un engrenage qui le dépasse mais qui va chercher à la fois à survivre et à se venger.
Charlize Theron, elle, s'amuse bien dans le rôle un peu caricatural et outré de la business woman aux dents longues et aux décolletés persuasifs, blonde fatale sans scrupules. Elle fait un concours de cynisme et de déloyauté avec son partenaire à la tête de la firme de Chicago, interprété par l'acteur australien Joel Edgerton (vu récemment dans RED SPARROW, dans le rôle d'un agent de la CIA qui tente de coincer l'espionne russe Jennifer Lawrence).
C'est le deuxième long-métrage de son grand frère, Nash Edgerton, qui s’est d’abord fait connaître à Hollywood comme acteur, cascadeur et coordinateur de cascades (dans MATRIX ou STARS WARS ÉPISODE-II notamment), avant de réaliser une dizaine de courts-métrages puis son premier long-métrage en 2008, THE SQUARE, un thriller conjugal (rien à voir avec le film suédois du même nom qui a remporté la Palme d'or à Cannes en 2017).
Lui aussi s'est bien amusé à filmer, entre les tours de verre du centre-ville de Chicago et les rues poussiéreuses, les hôtels miteux et les bars louches du Mexique, une histoire qui, très vite, part dans tous les sens. Le scénario, notamment dans sa deuxième partie, est truffé de rebondissements, d'aventures et de coïncidences tous aussi peu crédibles les uns que les autres.
Il faut donc se laisser porter par cette histoire abracadabrantesque mais nourrie par un rythme infernal: oublier la vraisemblance, accepter que le thriller vire à la comédie, apprécier le second degré caché des personnages, de leur sort, de leurs dialogues.
C'est le parti clairement affiché du réalisateur: "Le concept m’a beaucoup plu alors que la comédie n’est habituellement pas un genre qui m’attire. Le scénario était quelque peu absurde mais je savais que si les acteurs incarnaient les personnages au premier degré, cela valoriserait l’humour tout en conservant le caractère divertissant de l’histoire. Il suffisait d’adapter légèrement le ton". C'est en effet "quelque peu absurde", mais on ne s'ennuie pas et les acteurs non plus, apparemment (il y a aussi Amanda Seyfried, Thandie Newton et, pour ses débuts au cinéma, Paris Jackson, 20 ans, la fille de Michael Jackson, dans un petit rôle de quelques dizaines de secondes).
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"Que ce soit clair: le meilleur album des Beatles, c'est Let It Be" (le chef du cartel des narco-trafiquants mexicains).
(États-Unis/Australie, 1h50)
Réalisation: Nash Edgerton
Avec David Oyelowo, Charlize Theron, Joel Edgerton
(Sortie le 9 mai 2018)