Train d'enfer pour animaux sympas
Les grandes vacances viennent de commencer et c'est donc l'occasion d'emmener vos enfants bien au frais dans une salle de cinéma voir un dessin animé rigolo, dynamique, bien réalisé et –comme son nom ne l'indique pas– made in France: FALCON EXPRESS, ce mercredi 2 juillet sur les écrans.
L'histoire se déroule aux États-Unis, le jour de Noël mais dans une région où le soleil brille et où les palmiers ne sont pas recouverts par la neige. Cartable en bandoulière, l'œil vif et le verbe facile, Falcon est un raton-laveur libre et audacieux qui joue les Robins de Bois: il apporte à manger (hot-dogs volés, aliments périmés, conserves oubliées) à ses amis de la rue: pigeons, rats des villes, chats abandonnés, chiens errants.
Mais en ce jour de Noël il prépare un gros coup, avec son compère Hans le blaireau: prendre le contrôle informatique d'un train rempli de victuailles, de voyageurs et d'animaux de compagnie. Mais Hans déjoue le plan initial: de son poste de commandement, il fait évacuer les passagers et fait démarrer le train.
Animaux domestiques
À bord de celui-ci, Falcon se retrouve avec une dizaine d'animaux domestiques, enfermés dans leurs cages: une chatte tachetée fataliste, intelligente et courageuse; un couple de lapins hippies futurs parents; un perroquet rouge qui ne sait pas voler; une perruche jaune qui tombe amoureuse de lui; un lévrier aristo qui ne supporte pas de voyager en seconde classe; un hamster guitariste mutique et veuf inconsolable; une tortue verte et un poisson-clown rouge blasés, vedettes de spots de pub; un canard fan de rugby à l'accent du Sud-Ouest (de la France); un chat gris intello et grincheux; un chihuahua bavard et complotiste; une femelle anaconda verte; et surtout un chien policier, Rex, qui traite immédiatement Falcon de petit voyou.
Falcon et tous ces animaux vont vite comprendre pourquoi le train est lancé à grande vitesse, avec eux seuls à bord: Hans leur explique, via un écran vidéo, qu'il veut se venger de Rex, qui l'a jadis arrêté pour vol de croquettes, ce qui lui a valu cinq ans de fourrière.
Contre ce plan maléfique de Hans qui consiste à faire s'écraser le train à son terminus, Falcon et ses nouveaux amis –qu'il réussit à libérer de leurs cages– vont devoir faire preuve d'ingéniosité, de courage et d'esprit d'équipe pour surmonter les obstacles: incendie, effondrement d'un pont, détachement des wagons, manœuvres de Hans à distance, etc…
Trains fous
Ce dessin animé ingénieux rappelle les films à suspense situés dans des trains fous ou des bus incontrôlables: Dernier Train pour Busan, Runaway Train, Bullet Train, Transperceneige, PiÈge À grande vitesse, UNSTOPPABLE, Le Pont de Cassandra, The Passenger, Mission Impossible, Speed, et bien d'autres dont se sont inspirés les deux coréalisateurs français, Benoît Daffis et Jean-Christian Tassy.
Car ce dessin animé est 100% français: c'est le 6e long-métrage des studios toulousains TAT, créés en 2000 par David Alaux, Éric Tosti et Jean-François Tosti. Ces studios d'animation sont notamment connus pour la série télévisée et les films Les As de la junglE et, plus récemment, pour la mini-série ASTÉRIX ET OBÉLIX: LE COMBAT DES CHEFS réalisé par Alain Chabat pour Netflix.
Critique des réseaux sociaux
Suspense, humour et solidarité rythment cette histoire de train d'enfer avec des clins d'œil appuyés et très acerbes aux chaînes de télé d'info en continu (l'une filme l'incident de bout en bout avec cynisme) et surtout aux réseaux sociaux –ce qui ne manquera pas de faire réfléchir les adultes mais surtout les enfants et les adolescents.
Ces références au réel étaient un passage obligé, fait remarquer Benoît Daffis: "Elles font partie de la culture collective, on ne pouvait pas passer à côté notamment pour les réseaux sociaux. Il y a toutes ces vidéos sur les animaux qui inondent Internet. Leur exploitation est permanente. (…) S’inspirer de ces vidéos et montrer à quel point nos héros sont blasés, voire dégoûtés, c’était le moyen de faire passer un petit message. Ce sont des scènes que l’on a ajoutées au scénario original : elles ont du sens et elles permettent d’aérer le récit".
Message social
L'histoire de ce gentil Falcon, raton-laveur des rues orphelin qui fait ami-ami avec des animaux de compagnie privilégiés, a aussi un petit air de message social, souligne Jean-Christian Tassy: "Il y a ce paradoxe que les animaux «de luxe» sont en cage alors que les marginaux sont libres. Ils ont besoin les uns des autres… On tenait à ce que chaque personnage ait quelque chose à défendre et ne soit pas tout d’un bloc. Même Hans, le méchant, a aussi des failles qui peuvent le rendre touchant".
Et puis on est content de constater une fois encore qu'en matière d'animation, le cinéma français se défend bien face aux géants américains. Ici le dessin est impeccable, les personnages attachants et le scénario sans trouvaille révolutionnaire mais plutôt correct.
Cette french touch est symbolisée par le personnage du canard qui, avec son accent toulousain et son amour du rugby, explique à la tortue et au poisson rouge lors d'un moment de suspense et de solidarité: "Foi de canard, moi non plus je ne m'affolerai pas. Vous êtes dans le monde de l'Ovalie, on n'abandonne jamais les copains et on se bat jusqu'à la fin du match"…
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"J'aime l'odeur du ketchup au petit matin" (Falcon, volant un hot-dog en début de film –et parodiant Robert Duvall dans APOCALYPSE NOW).
(France, 1h26)
Réalisation: Benoît Daffis et Jean-Christian Tassy
(Animation)
(Sortie le 2 juillet 2925)
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