BLANCHE NUIT

OVNI nocturne et loufoque sur les écrans

(©Les Films de la Butte)
(©Les Films de la Butte)

C'est un OVNI sur les écrans, un film loufoque et farfelu, qui sent bon l'amateurisme et la rigolade franchouillarde mais rend hommage aux films noirs et aux comédies décalées: BLANCHE NUIT se déguste comme un fruit inconnu, vite avalé, vite oublié, au goût sucré-salé sans prétention.

Dans un commissariat parisien miteux, le commissaire Moulinette (Pascal Demolon) motive ses troupes, le planton Minard (Arnaud Maillard), le lieutenant Gégé (Philippe Duquesne) et l'inspecteur Arthur (Fabrice Abraham). Il s'agit de coincer les membres d'un collectif d'artistes rebelles, Poing Noir, dont le dernier méfait est d'avoir glissé du laxatif dans les pop-corns d'un multiplexe de la Rive Gauche.

''Je ne connais rien aux milieux de l'art: ça fait au moins dix ans que je ne suis pas allé à la Foire du Trône'', se défend Arthur. C'est pourtant lui qui s'y colle: il va se faire passer pour un jeune acteur afin d'infiltrer le groupe.

Première étape: entrer en contact avec la belle chanteuse-actrice Blanche Ripolin (Delphine Rollin), suspectée d'être l'égérie du groupe. Dès la première rencontre, l'inspecteur et la comédienne tombent sous le charme l'un de l'autre. Ça peut aider, pour l'enquête. Quoique...

Cette petite comédie à suspense a été réalisée par Fabrice Sébille, à l'initiative du collectif «Un Nouveau Regard» qui regroupe plus de 200 membres acteurs, techniciens, musiciens du septième art –ceux qui ne paieront jamais l'impôt à 75% de François Hollande. Des artistes connus (François Berléand, Julie Ferrier, Bruno Salomone, Atmen Kelif entre autres) sont venus leur donner un coup de main en faisant une petite apparition dans le film, dans des rôles rigolos.

Ça cabotine un peu, les gags et les répliques humoristiques l'emportent trop sur le scénario, vers la fin cela a tendance à être longuet et on s'ennuie légèrement car il ne se passe pas grand chose. Mais si l'on se laisse gagner par la modestie du propos et de la réalisation –ce n'est pas OBLIVION, c'est entendu-- et l'humour potache, on passe un moment agréable, avec notamment un savoureux Philippe Duquesne (l'un des postiers de BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS et membre des Deschiens).

Et malgré l'aspect bouts-de-ficelle du film, il s'en dégage une certaine ambiance, par quelques détails ici ou là: une décapotable rouge, Paris sous la pluie, un aveugle qui joue de l'orgue de Barbarie, un commissariat gris poussière, un suicidaire déguisé en curé, un derviche tourneur qui a mal tourné, une descente de flics de la Brigade des stups, un chat noir, des bars, du saucisson et du Jack Daniel's, et un manuel (clin d'oeil second degré) intitulé Devenir comédien pour les pas bons.

Il y a aussi de la musique jazzy et tout le film a été tourné entièrement de nuit. Parti pris artistique réussi? Euh, ''le film se passe de nuit uniquement parce que c'était le seul moyen de tourner: la moitié de l'équipe, moi y compris, travaillait la journée et enchaînait sur le tournage le soir'', avoue le réalisateur Fabrice Sébille.

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

''Les Américains disent «Just do it». Moi je vais plus loin, je vous dis: «Faites-le!»'' (Le commissaire, à ses trois subordonnés, en leur confiant une mission d'importance).

 

BLANCHE NUIT

(France, 1h27)

Réalisation: Fabrice Sébille

Avec Fabrice Abraham, Delphine Rollin, Philippe Duquesne

(Sortie le 10 avril 2013)