AMERICAN NIGHTMARE-2: ANARCHY

Massacrez qui vous voulez

Tuer ou se faire tuer: pas de troisième solution pendant la nuit de la ''Purge'' (©Universal Pictures)
Tuer ou se faire tuer: pas de troisième solution pendant la nuit de la ''Purge'' (©Universal Pictures)

On est dans l'Amérique de 2023, et le nouveau gouvernement –les nouveaux ''Pères Fondateurs'', au pouvoir depuis neuf ans– a trouvé un moyen radical de faire baisser la criminalité, le chômage et le déficit de la sécurité sociale: la ''Purge''.
Il s'agit d'une nuit, pendant 12 heures, tous les ans, entre le 21 mars 19h et le 22 mars 7h, où tout est permis. On peut tuer, violer, piller, commettre tous les crimes en toute impunité, alors que la police et les hôpitaux suspendent leurs services.
Cette idée de scénario avait donné lieu à un film, l'an dernier, AMERICAN NIGHTMARE, titre français de THE PURGE. Voici la suite, AMERICAN NIGHTMARE-2, sous-titré ANARCHY.
C'est le réalisateur James DeMonaco qui est à nouveau aux commandes. La grande différence avec le premier film réside dans l'unité de lieu: l'an dernier il s'agissait du huis clos d'une villa dans laquelle une famille bourgeoise s'était enfermée; ici l'action se passe dans les rues d'une grande ville.
Pendant les 12 heures de la Purge, mieux vaut rester chez soi. Car, dans la rue, si l'on n'est pas chasseur, on devient gibier. Le film va s'intéresser à cinq personnages: un brigadier de police, solitaire et taciturne, qui veut se venger de la mort de son fils; une mère célibataire serveuse dans un snack et sa fille adolescente, qui habitent un quartier pauvre et ont du mal à joindre les deux bouts; et un jeune couple sur le point de se séparer et qu'une panne de voiture a empêché de rentrer à temps.
C'est le policier, armé et expérimenté, qui va protéger les quatre autres, pendant ces 12 heures d'angoisse nocturnes (une heure et demie seulement pour le spectateur), à travers la ville pas vraiment endormie, dans un sinistre dilemme ''tue-moi ou je te tue'' à chaque rencontre et à chaque coin de rue. Combien, sur cinq, seront encore vivants à 7h du matin –à la fin du film?...
Sans acteur connu (le policier est joué par Frank Grillo, second rôle vu dans quelques films d'action), cet AMERICAN NIGHTMARE-2 ne manque pas de suspense, de tension, d'action. Mais là où le premier film tirait son originalité d'un huis clos angoissant, ici le fait de situer l'action à l'extérieur ramène le tout à un banal film de poursuite, de cache-cache et de fusillade.
Reste le message ''politique'' du film, en trois chapitres: dénonciation de la prolifération des armes aux Etats-Unis; réinvention de la lutte des classes dans cette jungle de 12 heures (blancs contre noirs, riches contre pauvres, armés contre désarmés, violents contre pacifiques, etc.); et questions philosophiques (a-t-on le droit de tuer son prochain, de se faire vengeance soi-même, de céder à ses passions les plus bestiales?).
James DeMonaco explique que ses producteurs et lui avaient envisagé le premier film, racontant la nuit d'angoisse de la famille Sandin retranchée dans sa villa, ''comme un film indépendant, politiquement subversif, qui se jouerait dans les petites salles d’art-et-essai de Los Angeles et New York''.
''Pour moi, les Sandin étaient loin d’être une famille exemplaire, ce qui n’est pas de mise à Hollywood. Nous avons conçu AMERICAN NIGHTMARE comme une fable morale sur le sort de cette famille et les leçons que ses membres sont amenés à en tirer en termes de violence, d’argent et de classes. Le film était plus politique que commercial. Mais le deuxième est un mélange des deux'', ajoute-t-il.
Commercial, c'est le mot. Car les producteurs veulent rééditer l'exploit du premier AMERICAN NIGHTMARE qui, pour un budget initial d'environ 3 millions de dollars, a réalisé l'an dernier près de 90 millions de dollars de recettes dans le monde.
Une pépite dénichée par l'un des producteurs, Jason Blum, spécialiste de la chose: c'est lui qui avait financé en 2007 le premier PARANORMAL ACTIVITY, pour 15.000 dollars. Résultat: 190 millions de dollars de recettes.
Le filon a été exploité, puisqu'il y a eu quatre suites. Même chose maintenant pour AMERICAN NIGHTMARE? Euh, ça risque quand même de devenir une purge...
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Ce soir, je vais lâcher la bête. C'est mon droit'' (un des participants à la Purge, en début de nuit, plus porté sur le viol que sur le meurtre. Quoique).

AMERICAN NIGHTMARE-2: ANARCHY
(''The Purge: Anarchy'') (États-Unis, 1h43)
Réalisation: James DeMonaco
Avec Frank Grillo, Carmen Ejogo, Zach Gilford
(Sortie le 23 juillet 2014)