AMERICAN NIGHTMARE

Licence To Kill

Pour Ethan Hawke et Lena Headley, la lumière ne peut venir que de leur conscience (©Universal Picture)
Pour Ethan Hawke et Lena Headley, la lumière ne peut venir que de leur conscience (©Universal Picture)

Dans une Amérique futuriste mais pas tant que ça (2022), les autorités ont trouvé une nouvelle méthode pour que les choses aillent mieux. Pendant 12 heures, chaque année, le crime devient légal.
C'est ''La Purge''. Le gouvernement tel qu'on le connaît aujourd'hui a été remplacé par un nouveau régime, les Nouveaux Fondateurs de l'Amérique (NFA), qui a fait voter un 28e amendement à la Constitution: chaque année, du 21 mars 19h au 22 mars 7h, tout le monde peut s'entretuer légalement, la police et les services de secours n'interviennent pas.
Beaucoup de problèmes sont ainsi résolus par ce ''Massacrez qui vous voulez'': chômage, immigration, violence. ''Cette nuit permet d'évacuer toute la haine, la violence, l'agressivité que les gens ont en eux'', explique James Sandin (Ethan Hawke) à son fils Charlie, 14 ans.
En ce 21 mars, certains se barricadent, d'autres préparent leurs fusils ou aiguisent leurs machettes. Les Sandin, famille aisée qui vit dans un quartier chic de villas somptueuses, va actionner le système de sécurité de la maison. James, sa femme Mary (Lena Headey) et leurs deux enfants Zoey, 16 ans, et Charlie s'apprêtent à regarder les événements de la nuit à la télévision.
Mais quand, à l'insu de ses parents, le jeune Charlie aperçoit sur un écran de contrôle un Noir SDF  taper à la porte pour échapper à un groupe de Blancs qui veulent le tuer, il le fait rentrer dans la maison. La bande de jeunes poursuivants ne va pas tarder à frapper également à la porte pour réclamer sa proie.
James Sandin, qui a fait sa fortune en vendant des systèmes de sécurité pour les villas de ses voisins, sait qu'aucune protection ne résiste à un groupe d'assaillants déterminés. Lui qui ne participe pas à La Purge mais l'approuve dans son principe est alors placé devant un choix: livrer l'homme pour protéger sa famille, ou refuser et risquer la mort. Tuer ou se faire tuer: c'est le principe de La Purge...
Sur cette idée de départ plutôt originale et au message politique plutôt fort, le réalisateur James DeMonaco a fait un thriller en huis clos court (1h26) et intense. C'est son deuxième film après LITTLE NEW YORK en 2009, produit par Luc Besson.
Le titre original (THE PURGE) étant difficilement traduisible tel quel, le film s'appelle AMERICAN NIGHTMARE en bon français (LA NUIT DES BÊTES en espagnol, LA NUIT DU JUGEMENT en italien): c'est une métaphore de l'Amérique d'aujourd'hui où les ventes d'armes prospèrent, et c'est effectivement un cauchemar centré sur une seule nuit.
Mais si la tension monte peu à peu et si les questions philosophiques et morales donnent une force étonnante à la première partie du film, la seconde est plus décevante, plus classique, quand la violence n'est plus dans les têtes mais dans les actes.
On pense à ORANGE MÉCANIQUE de Stanley Kubrick ou à FUNNY GAMES de Michael Haneke --en moins maîtrisé car ici la violence montrée vire facilement au gore. Et le suspense découle souvent d'invraisemblances dans les comportements: les membres de la famille font tout ce qu'il ne faut pas faire, tout ce que vous ne feriez pas à leur place...
Mais si vous étiez à leur place, il n'y aurait pas de film. Et ce serait dommage.
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Libérez la bête qui est en vous et purgez nos rues'' (le slogan officiel de ''La Purge'').

AMERICAN NIGHTMARE
(''The Purge'') (États-Unis, 1h26)
Réalisation: James DeMonaco
Avec Ethan Hawke, Lena Headey, Max Burkholder
(Sortie le 7 août 2013)