Film noir
Au Cap, un vieux flic noir (Forest Whitaker) et son coéquipier, blanc et plus jeune (Orlando Bloom), sont chargés d'enquêter sur le meurtre d'une jeune adolescente, fille d'un champion de rugby.
Le crime semble être lié au trafic d'une nouvelle drogue, cocktail synthétique d'amphétamines.
Leur enquête va les mener dans les bidonvilles, au coeur des gangs, de la violence, de la drogue. Un caïd local surnommé ''Le Chat'' semble tirer les ficelles de tout cela.
Mais sur une plage déserte de la ville, ce sont des loubards blancs, musclés et armés, qui attaquent les deux flics en train d'enquêter. Un troisième collègue les accompagne, et ce qui va lui
arriver n'est pas beau à voir...
Un film américain? Sud-africain? Non. ZULU, présenté en clôture au dernier Festival de
Cannes, est un film français: les producteurs et le réalisateur, Jérôme Salle, ont adapté un best-seller de l'écrivain français Caryl Férey et ont décidé d'aller le tourner sur les lieux de
l'action, en Afrique du Sud, avec des acteurs sud-africains entourant le duo d'acteurs américains Orlando Bloom-Forrest Whitaker.
Le film a bien sûr été tourné en anglais. ''ZULU est un vrai film sud-africain: nous n'étions que cinq Français sur place. Tout le reste de l'équipe et du casting, mis à part Forest et Orlando,
était composé de Sud-Africains'', explique Jérôme Salle, dont c'est le quatrième film après ANTHONY ZIMMER (2005) et
les deux LARGO WINCH (2008 et 2011).
En toile de fond d'une histoire policière un peu compliquée, le réalisateur a voulu parler de l'Afrique du Sud d'après l'apartheid, et notamment les conditions de la réconciliation entre Blancs
et Noirs: ''Ce que je voulais développer avant tout, c'est cette idée du pardon qui parcourt tout le film'', dit-il.
''Comme le dit Desmond Tutu, «pas d'avenir sans pardon». Le film traite de la difficulté et de la nécessité de pardonner pour aller de l'avant''.
Pour le flic blanc et le flic noir de l'histoire, très différents mais complémentaires, l'enquête va faire ressurgir des éléments d'un passé personnel tourmenté ou douloureux, pour l'un comme
pour l'autre.
Mais Jérôme Salle mélange un peu tout: les blessures personnelles des deux flics, le passé récent de l'Afrique du Sud, un invraisemblable complot raciste à grande échelle, l'enquête policière et
les violences actuelles.
Les considérations politico-sociologico-historiques et l'anti-racisme de bon aloi font un peu l'effet d'un postiche de bonne conscience pour intellectualiser un film d'action peuplé de scènes
très violentes, parfois à la limite du gore. On se tire dessus dans les bidonvilles, on coupe des mains à la machette, on donne des enfants à dévorer aux porcs, on assassine et on
massacre... Le pardon, effectivement, a du mal à trouver son chemin.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
''Le passé est le passé'' (Forest Whitaker, voulant pardonner les exactions des Blancs contre les Noirs du temps de l'apartheid).
ZULU
(France, 1h50)
Réalisation: Jérôme Salle
Avec Orlando Bloom, Forest Whitaker, Conrad Kemp
(Sortie le 4 décembre 2013)