ZERO THEOREM

Brazil 2014

Christoph Waltz, un solitaire qui cherche le sens de la vie (©Le Pacte)
Christoph Waltz, un solitaire qui cherche le sens de la vie (©Le Pacte)

Cela pourrait s'appeler BRAZIL 2014 –aucun rapport avec la Coupe du monde de foot. Mais, trente ans après le film qui l'a rendu célèbre, Terry Gilliam déçoit avec ZERO THEOREM, pâle relance de la réflexion qu'il développait avec brio sur le sens de la vie.
On est à Londres, ''dans un avenir proche'', dit le synopsis. Qohen Leth (Christoph Waltz), génie de l'informatique, travaille à la chaîne dans une grande compagnie qui maîtrise toute la société et dont l'autorité centrale a pour nom ''Management'' et pour slogan ''Everything is under control''.
Mais Qohen Leth, solitaire, névrosé, mal dans sa peau, qui dit ''nous'' pour parler de lui, préfère travailler seul chez lui, dans une vieille église désaffectée qu'il a rachetée à une compagnie d'assurance après un incendie.
Après avoir passé une visite médicale lui permettant de rester travailler à domicile, il est chargé par ses grands patrons de mener à bien un projet secret intitulé ''Zero Theorem''. But de la mission: trouver, une fois pour toutes, le sens de la vie. S'il existe...
Tout en attendant un mystérieux appel téléphonique qui lui apportera (comment? pourquoi? de qui?) les réponses aux questions qu'il se pose, Qohen Leth se met au travail.
Mais, un soir,  il se laisse aller à assister à une soirée costumée dans laquelle chacun danse avec sa tablette numérique et fume des cigarettes virtuelles invisibles. Là, il rencontre Bainsley (Mélanie Thierry), une jolie jeune femme délurée qui commence à tenter de le séduire et lui écrit son numéro de portable dans la paume de la main.
Sauvage, peu habitué à fréquenter les autres –et surtout les femmes–, Qohen Leth évite ces avances  et se replie sur lui-même. Mais pas pour longtemps. La passion amoureuse, le désir, la soif de l'inconnu –via l'ordinateur, pour commencer– vont (peut-être) lui apporter quelques éléments nouveaux dans son enquête sur le but de l'existence...
''Quand j’ai réalisé BRAZIL en 1984, j’ai cherché à dépeindre le monde dans lequel, me semblait-il, nous vivions. ZERO THEOREM offre un aperçu du monde dans lequel, à mon sens, nous vivons à l’heure actuelle'', explique Terry Gilliam dans sa note d'intention.
Le réalisateur de L'ARMÉE DES DOUZE SINGES et de LAS VEGAS PARANO dit avoir été séduit par les ''nombreuses questions pertinentes'' que soulève le scénario de Pat Rushin. ''Par exemple: qu'est-ce qui donne un sens à notre vie? Qu'est-ce qui nous rend heureux? Peut-on encore trouver des moments de solitude dans un monde de plus en plus connecté et contrôlé? L'ordre règne-t-il dans ce monde, ou est-il soumis au chaos?''.
Poser ce genre de questions n'est déjà pas très original et ressemble à un catalogue de poncifs. Les réponses, visuelles et scénaristiques, qu'y apporte Terry Gilliam ont un goût de déjà-vu. Quelques trouvailles de mise en scène, quelques folies ici ou là témoignent du talent du réalisateur, mais de façon trop sporadique.
Dans le flot de l'histoire, les acteurs en font parfois trop, de Christoph Waltz qui se complet dans la rigidité à Mélanie Thierry qui a tendance à minauder, deux personnages censés être très différents et se rapprocher. Matt Damon et Tilda Swinton font aussi des apparitions sans nuances, tandis que David Thewlis, en chef de service de Christoph Waltz, s'en tire un peu mieux.
Conclusion de cette réflexion qui se veut onirique sur le monde tel qu'il est devenu aujourd'hui et nous attend dès demain? Mondialisation. Le film (scènes d'extérieur et décors de studio) a été tourné à Bucarest.
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Encore un jour'' (Christoph Waltz, en se réveillant, au début du film).

ZERO THEOREM
(États-Unis, 1h46)
Réalisation: Terry Gilliam
Avec Christoph Waltz, David Thewlis, Mélanie Thierry
(Sortie le 25 juin 2014)