UNE CHANSON POUR MA MÈRE

Une comédie bien enlevée

Pas content d'avoir été enlevé, Dave (©Cécile Burban/ Bonne Pioche Cinéma)
Pas content d'avoir été enlevé, Dave (©Cécile Burban/ Bonne Pioche Cinéma)

Une star de la chanson qui fait l'acteur en interprétant son propre rôle au cinéma, c'est bien. Et si la star fait dans l'autodérision, se moque gentiment de sa notoriété et se la joue modeste, c'est mieux. Dave est Dave dans UNE CHANSON POUR MA MÈRE, et c'est déjà rigolo.

Dans un petit coin perdu des Ardennes belges, les membres d'une famille décomposée se retrouvent autour de leur vieille mère, sur le point de mourir d'un cancer. Les trois fils, la fille, le beau-frère et la petite-fille ne se voient pas souvent, c'est l'occasion de retrouvailles douces-amères.

Pour faire plaisir à leur maman, ils décident de lui offrir un dernier cadeau: une rencontre avec Dave, le chanteur, son idole, en personne!

Ça tombe bien, Dave passe en concert dans la petite ville voisine, dans quelques jours. Ils vont aller lui demander de passer à la ferme pour un dernier adieu à la vieille dame. Mais rien ne va se passer comme prévu: finalement ils vont être amenés à enlever le chanteur et à le séquestrer dans son camping-car...

Sur cette idée de départ farfelue mais originale, le réalisateur belge Joël Franka a fait un film inégal, loufoque et émouvant, dont les invraisemblances nourrissent les moments forts et dont les défauts soulignent quelques jolies idées de mise en scène.

''Je suis Ardennais, né à Libramont, en Belgique, où se déroule le coeur de l'histoire'', raconte Joël Franka, monteur de l'émission de Frédéric Lopez Rendez-vous en terre inconnue et dont c'est le premier long métrage.

''J'ai connu les personnages dont je parle, j'ai grandi en les observant. J'allais chez mes grands-parents pendant les vacances, et on rencontrait des gens de la terre, des gens que j'aime bien. Au-delà des images caricaturales et réductrices qu'on leur colle parfois, je sais que même s'ils ne parlent pas beaucoup, ils ressentent énormément, et avec une noblesse d'âme souvent admirable''.

Sylvie Testud, dans le rôle de la fille, Patrick Timsit qui joue son mari insupportable entrepreneur de pompes funèbres, et Guy Lecluyse (l'un des postiers de BIENVENUE CHEZ LES CH'TIS) en fils à maman, sont les principaux acteurs de cette comédie au message assez ''américain'' sur les vertus de la famille. Car, unis pour l'occasion, les frères et soeurs vont se dire leurs quatre vérités et régler leurs problèmes relationnels avec Dave comme témoin forcé.

Le chanteur ''fait bien plus que jouer son propre rôle'', dit Joël Franka. ''Il a utilisé des choses de lui qu'il a mises dans un personnage qui ressemble à son image''.

A 68 ans, Dave assume en tout cas avec humour et second degré son côté ''idole des vieux'', et donne au film une légèreté qui équilibre certains dérapages (les gags du générique du début ne sont pas drôles), certaines lourdeurs (le personnage de Timsit est vraiment outré), certaines facilités (on bascule parfois dans le mélo, surtout vers la fin). On en sort le sourire aux lèvres, et le coeur un peu serré quand même, avec l'envie irrésistible de fredonner Vanina.

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

''C'est le trou du cul du monde (…). Ils ont un neurone pour tout le village et ils se le partagent'' (Au téléphone, l'organisateur du concert de Dave, dans un village des Ardennes).

 

UNE CHANSON POUR MA MÈRE

(Belgique, 1h35)

Réalisation: Joël Franka

Avec Dave, Patrick Timsit, Sylvie Testud

(Sortie le 27 mars 2013)