TRANSFORMERS: L'ÂGE DE L'EXTINCTION

Des robots en colère

Mark Wahlberg, Nicola Peltz et un ami: fuir, fuir, fuir... (©Paramount Pictures)
Mark Wahlberg, Nicola Peltz et un ami: fuir, fuir, fuir... (©Paramount Pictures)

Ils sont toujours là. Ils se réveillent. Et ils sont en colère.
Dans TRANSFORMERS: L'ÂGE DE L'EXTINCTION, quatrième volet de la série, les robots extraterrestres qui peuvent se transformer en voitures, camions, hélicoptères ou grille-pain, se divisent toujours en deux catégories: les bons et les méchants.
Les bons, ce sont les Autobots et leur chef Optimus Prime, qui sont alliés aux humains et ont décidé de protéger la Terre.
De la protéger de qui? Eh bien des méchants, les Decepticons, emmenés par Megatron, qui, au contraire, veulent éliminer l'humanité et conquérir la planète.
Cinq ans après la bataille de Chicago qui avait vu la défaite de ces Decepticons –au prix de la destruction d'une partie de la ville et de 1.300 morts–, les méchants robots sont toujours présents, cachés quelque part, près à relancer la guerre.
Les Autobots sont, eux aussi, toujours là. Mais cachés eux aussi. Pour échapper à leurs ennemis, mais aussi pour échapper aux humains.
Car certains dirigeants de la CIA estiment en effet que l'on n'a plus besoin des Autobots pour assurer la sécurité de la Terre et lutter contre les méchants robots. Ils financent des programmes scientifiques plus ou moins secrets qui devraient permettre aux hommes, dans un avenir plus ou moins proche, de créer leurs propres Transformers, capables de prendre diverses formes en quelques secondes.  
Bien loin de tout cela, au fin fond du Texas, Cade Yeager (Mark Wahlberg), un ferrailleur très bricoleur, a du mal à joindre les deux bouts. Dans la grange de sa maison, il recycle du métal, répare des appareils, invente des machines.
Il est veuf et veille jalousement sur sa fille de 17 ans, Tessa (Nicola Peltz), qui doit entrer à la fac et ne lui a surtout pas dit qu'elle a un petit ami.
Leur paisible existence va changer le jour où Cade Yeager ramène dans sa grange un vieux camion rouillé et poussiéreux, hors d'usage, qu'il entreprend de retaper. Ce vieux tacot n'est autre qu'Optimus Prime, le chef des Autobots, en sommeil forcé depuis cinq ans.
Que faire? Prévenir les autorités et toucher la prime pour chaque Transformer découvert et livré? Les circonstances –et les hommes de la CIA (et aussi les scénaristes du film)– vont en décider autrement...
Et c'est donc parti pour un quatrième épisode de la saga TRANSFORMERS. Au départ, il s'agissait de jouets des marques américaine Hasbro et japonaise Takara Tomy, dans les années 80, que les petits garçons pouvaient transformer à leur guise: un robot devenait camion ou voiture, et vice-versa.
L'idée a été adaptée en BD, puis en dessin animé, puis en jeu video, avant de passer au grand écran en 2007, 2009 et 2011. Ces trois films, réalisés par Michael Bay, avaient pour interprète principal Shia LaBeouf, chargé de sauver le monde grâce à ses amis les Autobots, et de protéger sa petite amie (Megan Fox dans les deux premiers, Rosie Huntington-Whiteley dans le troisième).
Pour ce TRANSFORMERS-4, c'est à nouveau le réalisateur Michael Bay qui est aux commandes. Mais, si les robots restent les mêmes, les humains ont changé. Le héros n'est plus la tête à claques des trois premiers épisodes, c'est un père de famille (veuf, qui plus est) auquel Mark Wahlberg donne un peu plus d’épaisseur.
Et la bimbo blonde au mini-short qui montre ses jambes pendant tout le film n'est pas sa fiancée mais sa fille –interprétée par la jeune actrice inconnue Nicola Peltz.
Les trois premiers TRANSFORMERS ont généré au total 2,67 milliards de dollars de recettes dans le monde, pour des budgets cumulés de 575 millions. Autant dire que les producteurs n'avaient aucune raison objective de ne pas faire confiance une quatrième fois à Michael Bay, un des spécialistes des films d'action à effets spéciaux.
Il a réalisé notamment les deux BAD BOYS en 1995 et 2003 (avec Will Smith et Martin Lawrence), ARMAGEDDON en 1998 (avec Bruce Willis et Ben Affleck), et PEARL HARBOR en 2001 (avec Ben Affleck), mais aussi un film plus décalé et plus personnel l'an dernier, NO PAIN NO GAIN (avec Mark Wahlberg).
Dans ce TRANSFORMERS-4 on n'a pas le temps de s'ennuyer, même si le scénario n'est pas des plus inventifs (rebondissement quand même une heure avant la fin, et apparition de nouveaux Transformers, les Dinobots, qui nous rappellent que ces robots extraterrestres ont débarqué sur notre planète il y a 65 millions d'années –c'est à dire bien avant les congés payés et la création de l'UMP).
Il y a des clins d'oeil (ou des emprunts sans vergogne, c'est selon) à JURASSIC PARK, à INDEPENDANCE DAY, à FAST & FURIOUS, à ALIEN: que du déjà vu.
Et l'humour dans les dialogues revient trop régulièrement pour que ça ne fasse pas cahier-des-charges, un peu insistant, comme un étudiant lourdaud qui draguerait inlassablement la plus belle fille de la classe au bal de fin d'année sans parvenir à ses fins.
Mais on n'est pas là pour s'extasier sur la finesse des dialogues, l'inventivité du scénario, la subtilité du jeu des acteurs, la duplicité de la CIA ou la justesse des rapports père-fille dans le Texas contemporain. On est là pour un film d'action bien mené, sans temps mort, avec des cascades, des effets spéciaux, des bagarres et des courses de voitures/ camions/ motos/ hélicoptères/ vaisseaux spatiaux (rayer les mentions inutiles).
Ca met à contribution les yeux et les oreilles, voire les fesses et le dos (2h45 assis dans un fauteuil, quand même). Mais ça repose le cerveau.
Mondialisation oblige, la dernière partie du film se déroule en Chine et à Hong Kong. Ce n'est donc pas pour rien que le film vient de devenir le plus gros succès de tous les temps sur les écrans chinois, après avoir connu le plus gros démarrage de l'année au box-office américain pour sa sortie aux Etats-Unis il y a deux semaines.
Pas la peine, donc, d'attendre les dernières images du film pour imaginer qu'il y aura (l'an prochain ou en 2016 au plus tard) un TRANSFORMERS-5. Amis ou ennemis, bons ou méchants, en colère ou pas, les robots extraterrestres n'ont pas l'intention de quitter de sitôt notre planète...
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Les films, c'est ça le problème aujourd'hui. Que des remakes et des suites à la con...'' (un papy, propriétaire d'un cinéma désaffecté au Texas, au début du film).

TRANSFORMERS: L'ÂGE DE L'EXTINCTION
(''Transformers: Age Of Extinction'') (États-Unis, 2h45)
Réalisation: Michael Bay
Avec Mark Wahlberg, Nicola Peltz, Stanley Tucci
(Sortie le 16 juillet 2014)