TRANCE

Danny Boyle n'a rien oublié

Pas content, Vincent Cassel: where the f... is the painting? (©Pathé Distribution)
Pas content, Vincent Cassel: where the f... is the painting? (©Pathé Distribution)

Cela fait du bien de changer de registre, de s'aérer la tête, de faire quelque chose de différent. Danny Boyle avait fini le tournage de son dernier film, TRANCE, en 2011, quand il s'est occupé de mettre en scène la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres en juillet 2012. Du coup, il n'a pas eu le temps de finir le montage et la post-production de TRANCE.

Ce fut fait après les Jeux. Résultat: le film est une petite merveille de mise en scène, qui alterne suspense et humour dans un thriller psychologique au scénario quand même un peu tordu...

L'histoire commence comme un banal film de braquage. Un truand français à Londres, Franck (Jean-Pierre Cassel), et trois complices dérobent un tableau de Goya à 27,5 millions de livres dans une vente aux enchères, avec la complicité de l'adjoint du commissaire-priseur, Simon (James McAvoy).

Premier grain de sable dans cette mécanique bien huilée, Simon prend un coup sur la tête en pleine action et, quand il retrouve ses complices un peu plus tard, ne se souvient plus où il a caché le tableau. Amnésie partielle.

Les malfrats décident alors de recourir à l'hypnose pour lui faire recouvrer la mémoire. Simon va consulter une thérapeute spécialisée, la belle Elizabeth (Rosario Dawson), qui très vite entre dans leur jeu. Et, très vite, va devenir manipulatrice, jouant de sa séduction --et de son pouvoir d'hypnose-- tour à tour auprès de Franck et de Simon. Mais qui manipule qui, en fin de compte?...

Comme cela arrive parfois, les producteurs et les distributeurs du film ont demandé aux journalistes de ne pas trop en raconter, de ne pas gâcher le plaisir des spectateurs. Le dossier de presse remis lors des projections antérieures à la sortie commençait ainsi: ''Important. Au nom de toute l'équipe du film, Pathé et Fox Searchlight demandent avec le plus grand respect à tous les journalistes et diffuseurs de veiller à ne pas dévoiler les rebondissements et les éléments clés de l'intrigue afin de préserver le plaisir des futurs spectateurs''.

Ce n'est pas notre genre, ici à CinéGong, de raconter la fin des films. Ici ce serait même fastidieux, tant les rebondissements sont nombreux --et flirtent même allègrement, parfois, avec l'invraisemblance. On l'a dit, le scénario est ingénieux, voire complètement tordu, et la fin n'est d'ailleurs pas ce qu'il y a de plus réussi. Et d'ailleurs quand on croit que c'est la fin, ce n'est pas fini...

Bref, ce TRANCE est un vrai plaisir de suspense, mais aussi un agréable cadeau pour les yeux (le montage, le rythme de la mise en scène, les décors) et pour l'esprit (l'humour, les changements de ton, les fausses pistes, un soupçon d'érotisme).

C'est parfois un peu gore et un peu violent --on aime moins--, mais c'est brillant car basé sur le postulat que l'hypnose peut ouvrir bien des portes du cerveau humain. Le personnage de Simon tente de retrouver une partie de sa mémoire perdue, et pour cela va naviguer dans un labyrinthe cérébral que Danny Boyle rend très cinégénique.

Le réalisateur britannique, lui, n'a rien oublié de son diabolique savoir-faire qui avait sauté aux yeux dès ses premiers films, PETITS MEURTRES ENTRE AMIS et TRAINSPOTTING, au milieu des années 90.

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

''Veux-tu te souvenir ou veux-tu oublier?'' (C'est la dernière phrase du film...).

 

TRANCE

(Grande-Bretagne, 1h35)

Réalisation: Danny Boyle

Avec James McAvoy, Rosario Dawson, Vincent Cassel

(Sortie le 8 mai 2013)