ROSALIE BLUM

Les beaux débuts de Julien Rappeneau

Kyan Khojandi, créateur de la série "Bref", est l'acteur principal de "Rosalie Blum" (©SND).
Kyan Khojandi, créateur de la série "Bref", est l'acteur principal de "Rosalie Blum" (©SND).

C'est le fils de Jean-Paul Rappeneau, le réalisateur du SAUVAGE et de CYRANO DE BERGERAC, et le voici sur les traces de son père. Julien Rappeneau, scénariste de talent depuis une douzaine d'années (pour les films BON VOYAGE, 36 QUAI DES ORFÈVRES, UN TICKET POUR L'ESPACE, LARGO WINCH, CLOCLO notamment) se lance dans la réalisation avec ROSALIE BLUM, et ce sont des débuts réussis.

Dans une petite ville de province (le film a été tourné à Nevers), Vincent Machot (Kyan Khojandi, le créateur et interprète de la série BREF sur Canal+), la trentaine, mène une vie tristounette: son salon de coiffure, son cousin, son chat, sa mère bien trop envahissante (Anémone). Mais la vie réserve parfois des surprises. Un dimanche, en allant acheter une boîte de crabe dans une épicerie ouverte ce jour-là, il tombe sur Rosalie Blum (Noémie Lvovsky), une femme mystérieuse et solitaire qu'il est convaincu d'avoir déjà rencontrée. Mais où?

Intrigué, il se décide à la suivre partout, dans l'espoir d'en savoir plus. Il ne se doute pas que cette filature va l’entraîner dans une aventure pleine d’imprévus. Car la Rosalie Blum en question s'est bien aperçue qu'elle est espionnée, et demande à son tour à sa nièce Aude (Alice Isaaz), une jeune femme oisive et désenchantée, en rupture avec sa famille, de suivre cet étonnant importun…

L'ultra-moderne solitude se transforme en jolie histoire: le film est découpé en trois parties, dressant tour à tour le portrait des trois personnages principaux, trois solitaires dont les destins vont se croiser, dans une construction particulièrement bien faite. C'est un petit bijou d'humour et de légèreté, avec des dialogues drôles, des situations étonnantes et des seconds rôles savoureux. Même si la fin, plus conventionnelle, laisse la mélancolie prendre le dessus sur l'humour, Julien Rappeneau démontre, pour son premier film comme réalisateur, ses talents de scénariste.

Mais il n'a pas inventé toute cette histoire: c'est une adaptation de trois volumes d'une bande dessinée de Camille Jourdy, parus en 2007, 2008 et 2009, et que les éditions Acte Sud rééditent regroupés.

"Je ne voulais pas que le film soit une pure chronique sur des gens seuls qui se rencontrent. Il y a une vraie intrigue avec des éléments de suspense", explique le jeune réalisateur. "Ce qui me touche chez eux, c'est qu'ils sont arrêtés à un moment de leur vie: ils sont bloqués par leur peur, par leur histoire familiale, par leur solitude, et ils n'arrivent plus à prendre leur vie en main. Or, grâce à cette étrange histoire de filature, chacun d’entre eux va connaître une remise en mouvement. En filigrane, il y a l'idée que même si on doit parfois attendre longtemps, quelque chose de positif et d’inattendu peut toujours survenir. C’est une fable résolument optimiste". Et un film qui fait du bien et donne le sourire, même quand on en sort.

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"Qui ne s'est jamais recouché un jeudi matin n'a jamais vécu" (Alice Isaaz)

 

ROSALIE BLUM

(France, 1h35)

Réalisation: Julien Rappeneau

Avec Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi, Alice Isaaz

(Sortie le 23 mars 2016)