RETOUR À SÉOUL

À la recherche de ses racines coréennes

Freddie (Park Ji-min), une Française de 25 ans adoptée quand elle était bébé, revient en Corée et recherche ses parents biologiques (©Les Films du Losange).
Freddie (Park Ji-min), une Française de 25 ans adoptée quand elle était bébé, revient en Corée et recherche ses parents biologiques (©Les Films du Losange).

Une jeune Française de 25 ans d'origine coréenne, adoptée quand elle était bébé, retourne pour la première fois dans le pays où elle est née, et part à la recherche de ses parents biologiques: c'est le thème du film RETOUR À SÉOUL (ce mercredi 25 janvier sur les écrans), du réalisateur franco-cambodgien Davy Chou.

"C’est la thématique universelle de l’identité. Qui suis-je? Quelle est ma place? Où me situer par rapport aux autres?", dit-il. Pour le personnage principal le film n'est pas seulement prétexte à une recherche de ses racines, mais de son identité.

Pour Freddie (Park Ji-min), le voyage n'était pas prémédité. Elle est en escale pour le Japon quand les vols sont annulés, elle décide donc d'aller en Corée du Sud. À Séoul, elle se retrouve dans un petit établissement de chambres d'hôtes tenu par un couple de jeunes Coréens dont la femme, Tena, parle sa langue car sa mère est prof de français.

Centre d'adoption

Freddie et le couple sympathisent, ils font la tournée des bars, Freddie apprend à connaître les jeunes Coréens. Elle n'est là que pour deux semaines. Mais elle décide d'aller consulter son dossier au centre d'adoption auquel ses parents l'ont confiée 25 ans auparavant.

Après de nombreuses formalités, on retrouve la trace de son père, un ancien pêcheur maintenant réparateur de climatiseurs, séparé depuis plusieurs années de la mère de Freddie et qui vit à Gusan, sur la côte ouest du pays, à 250km au sud de Séoul. Freddie, accompagnée de Tena, s'y rend et y rencontre son père, très ému, ainsi que sa famille. Mais sa mère, contactée par le centre d'adoption, refuse de la rencontrer…

Deuxième film

C'est le deuxième long-métrage de fiction de Davy Chou, 39 ans, après DIAMOND ISLAND en 2016, histoire d'un jeune homme de 18 ans qui quitte son village cambodgien pour venir travailler à Phnom Penh et découvre la jeunesse dorée de la capitale.

Le scénario de RETOUR À SÉOUL n'est pas autobiographique, il est tiré de l'histoire vraie d'une amie du réalisateur. Mais celui-ci y a mis un peu de lui-même: "Évidemment je ne suis pas né en Corée du Sud, je ne suis pas une femme, et je ne suis pas adopté. Il y avait cette distance qui m’interpellait sur ma légitimité à raconter cette histoire", explique-t-il.

Similitudes

"Mais, à un moment, il y a eu une ouverture, je me suis aussi retrouvé dans ce projet. Je suis né en France de parents nés au Cambodge, je suis allé là-bas pour la première fois à l’âge de 25 ans. Mon rapport au pays était similaire à celui de Freddie au début du film. J’étais loin de me douter que cet élan vers mes origines allait autant bousculer ma façon de comprendre qui je suis".

Car dans le film, le personnage de Freddie ne se contente pas de retrouver ses racines et de fouiller son passé, ce voyage à Séoul est l'occasion d'affirmer son identité présente, et de se construire un avenir. L'histoire s'étale ainsi sur 8 ans, avec une dernière demi-heure inattendue.

Candidat à l'Oscar

Présenté dans Un Certain Regard, la section parallèle officielle du dernier Festival de Cannes, et candidat du Cambodge dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger, RETOUR À SÉOUL est un film sans vrai rythme, à l'intérêt inégal, qui tire en longueur et peine à trouver sa conclusion.

Mais il contient des moments d'émotion (principalement quand Freddie retrouve son père et la famille de celui-ci) et présente la société coréenne sous un aspect réaliste et intéressant. On sent un réel respect du réalisateur pour les habitants de la Corée, avec une réflexion sur l'adoption dans ce pays qu'avait déjà exprimée le cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda dans son dernier film LES BONNES ÉTOILES, sorti récemment.

Débuts à l'écran

L'actrice principale de RETOUR À SÉOUL, Park Ji-min, artiste plasticienne née en Corée du Sud et arrivée en France à 8 ans (mais pas adoptée), qui fait ici ses débuts à l'écran, occupe tout le film. Est-ce le personnage, est-ce la comédienne (au demeurant fort jolie), est-ce la direction d'actrice, est-ce la volonté du réalisateur? Toujours est-il qu'on a du mal à avoir de l'empathie pour elle.

Elle est d'humeur changeante, dès le début du film elle apparaît comme une insupportable Parisienne effrontée qui se moque bien des coutumes et de la politesse coréennes, elle sourit rarement –sauf quand elle boit des coups avec des jeunes Coréens dans des bars– et passe la plupart du film à tirer la tronche. "Tu es une personne très triste", lui dit Tena, à un moment. Seule la dernière demi-heure changera la vision que le spectateur a d'elle –mais c'est un peu tard.

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"Je ne vais pas vivre en Corée" (Freddie, au début du film).

 

Retour À SÉoul

(France/Cambodge, 1h59)

Réalisation: Davy Chou

Avec Park Ji-min, Oh Kwang-rok, Louis-Do de Lencquesaing

(Sortie le 25 janvier 2023)


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