GODZILLA

C'est de la bombe

Les monstres marins irradiés, ça fait peur. (©Warner Bros)
Les monstres marins irradiés, ça fait peur. (©Warner Bros)

Bon anniversaire, gros monstre!
Godzilla fête cette année ses 60 ans, et il n'a pas perdu la forme. C'est en 1954, moins de dix ans après Hiroshima et Nagasaki, qu'était sorti au Japon le premier film sur le monstre marin engendré par la nature et déformé par le nucléaire, un film réalisé par Ishiro Honda.
Une bonne trentaine de suites ou de remakes plus tard (dont le film de Roland Emmerich en 1998, avec Matthew Broderick et Jean Reno), voici la version-anniversaire, signée Gareth Edwards, réalisateur britannique qui s'était fait remarquer il y a quatre ans par un film de science-fiction, MONSTERS.
Ici il propose au spectateur de porter un nouveau regard sur Godzilla. C'est un monstre, oui. Mais il y a pire que lui...
L'histoire débute en 1999, aux Philippines et au Japon. De violentes secousses se produisent, et une centrale nucléaire est détruite. Officiellement c'est un tremblement de terre.
Un ingénieur américain (Bryan Cranston), qui travaille à la centrale avec sa femme (Juliette Binoche), n'est pas convaincu par cette thèse officielle.
Quinze ans plus tard, il cherche toujours à faire surgir la vérité. Son fils Ford (Aaron Taylor-Johnson), qui était avec ses parents au moment de la catastrophe, veut désormais oublier tout cela. Il est démineur dans l'armée, a épousé un jolie infirmière et tous deux ont un jeune fils.
Pourtant c'est le père qui va parvenir à convaincre le fils. Et les événements. Car ce n'était pas un trembement de terre.
Depuis 15 ans, les scientifiques –et notamment un ingénieur japonais (Ken Watanabe)– cachent un secret, sur les lieux de la centrale nucléaire détruite: les restes fossilisés d'une créature immense sont en réalité encore vivants. La créature s'est nourrie des réacteurs nucléaires de l'usine et se réveille...
Et Godzilla, dans tout cela? Patience, il apparaîtra un peu plus tard. Quand la créature, en fuite et traquée par le jeune soldat Ford, l'ingénieur japonais et l'armée américaine au grand complet (marine, aviation, troupes au sol), aura fait ses premiers ravages au Japon, à Honolulu, à Las Vegas, à San Francisco...
Idée originale d'avoir créé un monstre supplémentaire autre que Godzilla. On est cependant un peu déçu par son aspect: gros insecte volant aux longues pattes comme des grues, mâchoires carrées, un vague air du monstre d'Alien dans la démarche et l'attitude menaçante...
Godzilla, bon gros monstre à la King Kong, est nettement plus réussi –voire plus sympathique, puisque plus naturel. Certes, c'est un enfant de la bombe atomique. Mais il ne carbure pas au nucléaire, lui, et n'émet pas d'ondes électro-magnétiques qui coupent l'électricité à plusieurs kilomètres à la ronde autour de lui.
L'histoire a un déroulement classique: au milieu du chaos, des destructions massives et des centaines de morts provoquées par le(s) monstre(s), on suit le destin particulier du héros, de sa charmante épouse, de leur jeune fils.
Pour le reste, les effets spéciaux (c'est en 3D dans les salles équipées) sont impeccables, le rythme ne faiblit pas, et le réalisateur ne fait pas les choses à moitié dans les scènes où immeubles, porte-avions, trains, métros, ponts, voitures et autres constructions humaines sont balayées comme des allumettes. Il y a belle lurette maintenant que les films-catastrophes américains ne sont plus gênés par le traumatisme visuel du 11 septembre.
Il y a notamment une scène impressionnante de saut en parachute d'un commando de militaires, sur San Francisco dévastée, qui annonce le début de la fin de l'histoire...
Gareth Edwards a évité le vieux cliché traditionnel des films-catastrophe: méchants militaires contre gentils scientifiques. Mais, c'est le message de ce bon vieux Godzilla depuis 60 ans –et ce n'est pas la catastrophe de Fukushima qui renversera la tendance–: le nucléaire, c'est mal.
Et, plus généralement: l'écologie, c'est bien. Comme le résume l'ingénieur japonais en fin de film: ''L'arrogance de l'homme est de croire qu'il maîtrise la nature, alors que c'est l'inverse''.
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Vous ne savez pas ce qui vous attend'' (l'ingénieur américain, au début du film).

GODZILLA
(États-Unis, 2h03)
Réalisation: Gareth Edwards
Avec Aaron Taylor-Johnson, Bryan Cranston, Ken Watanabe
(Sortie le 14 mai 2014)