SHANG-CHI ET LA LÉGENDE DES DIX ANNEAUX

Marvel vire asiatique, avec brio

Un acteur canadien d'origine chinoise peu connu du grand public, Simu Liu, incarne Shang-Chi, le premier super-héros asiatique des studios Marvel (©Marvel Studios/The Walt Disney Company).
Un acteur canadien d'origine chinoise peu connu du grand public, Simu Liu, incarne Shang-Chi, le premier super-héros asiatique des studios Marvel (©Marvel Studios/The Walt Disney Company).

On connaît Iron Man, Hulk, Thor, Spider-Man, Ant-Man, Black Panther, Black Widow et autres Captain America. Mais à l'Est, il y a du nouveau: les studios Marvel innovent en créant leur premier super-héros asiatique dans leur nouveau film, particulièrement réussi, Shang-Chi et la LÉgende des Dix Anneaux, sur les écrans français ce mercredi 1er septembre.

C'est le 25e film des studios Marvel, depuis IRON MAN en 2008 jusqu'au récent BLACK WIDOW, en passant par les différents AVENGERS et autres GARDIENS DE LA GALAXIE. Bien moins connu que les autres super-héros, le nouveau venu Shang-Chi était à l’origine un personnage assez obscur inventé en 1973 par Marvel Comics, l'éditeur de bandes dessinées créé en 1939 et concurrent des DC Comics (qui ont donné les super-héros Batman et Superman notamment).

Oublier son passé

Shang-Chi, trentenaire célibataire, mène une existence sans histoire à San Francisco, où il travaille comme voiturier d'un hôtel de luxe, avec Katy, sa collègue et amie depuis 10 ans, comme lui d'origine asiatique mais de nationalité américaine. Mais depuis ses 15 ans, il cache son origine et tente d'oublier son passé.

Ce passé va ressurgir d'un coup quand il est agressé dans un bus par une demi-douzaine de tueurs qui tentent de lui voler un pendentif magique que lui a confié sa mère, morte quand il avait sept ans. Il comprend que sa sœur, qu'il n'a pas revue depuis cette époque et possède le même pendentif, est en danger à Macao, d'où elle lui a envoyé une mystérieuse carte postale.

L'armée des Dix Anneaux

Il s'envole donc –avec Katy– pour tenter de la retrouver et la protéger. Mais le frère et la sœur, rattrapés par leur passé, vont devoir affronter leur père, un criminel à la tête d'une mystérieuse et maléfique organisation tentaculaire, l'armée des Dix Anneaux. Dix anneaux qui confèrent au père –cinq bracelets bleus à chaque avant-bras– des pouvoirs surnaturels de puissance et de force qui lui permettent d'assouvir sa soif de domination et de pouvoir…

Tel père, tel fils?

Tel père, tel fils? Shang-Chi veut faire mentir l'adage. "SHANG-CHI ET LA LÉGENDE DES DIX ANNEAUX est l’histoire d’un jeune homme qui réalise que son père est l’un des plus grands criminels du monde. Il va devoir apprendre à vivre avec cette donnée, faire face à cette situation afin de la dépasser. Il doit trouver la force de se libérer de l’héritage de son père pour suivre son propre chemin", explique le producteur Kevin Feige, grand manitou des films Marvel depuis une vingtaine d'années.

"Mais toutes les histoires ont toujours de multiples facettes...", ajoute-t-il. "Dans notre film, la perception que le monde a de son père et celle que lui-même en a s’avèrent bien plus complexes que Shang-Chi ne le pensait. C’est une histoire très riche, très forte, que nous voulions explorer dans toutes ses dimensions".

Réalisateur et acteurs peu connus

Marvel a choisi pour ce premier film de super-héros asiatique un jeune réalisateur américain de 42 ans peu connu, Destin Daniel Cretton, dont les quatre précédents films, depuis 2012, n'ont pas laissé une trace impérissable dans l'histoire du cinéma (I AM NOT A HIPSTER, STATES OF GRACE, LE CHÂTEAU DE VERRE, LA VOIE DE LA JUSTICE).

De même, les deux acteurs principaux ne sont pas des visages connus du grand public: Shang-Chi est interprété par un acteur canadien d'origine chinoise, Simu Liu, qui n'a joué que dans des téléfilms, tandis que Katy a les traits d'Awkwafina, une rappeuse américaine elle aussi d'origine asiatique qui n'a fait que des apparitions de seconds rôles au cinéma.

Tony Leung, Michelle Yeao, Ben Kingsley

Il y a quand même quelques stars dans le film: le père est interprété par le grand Tony Leung, acteur fétiche du réalisateur hongkongais Wong Kar-wai, Prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes 2000 pour IN THE MOOD FOR LOVE. Son personnage de méchant est assez ambivalent, on n'arrive pas à le détester complètement, on comprend que l'amour et le deuil l'ont conduit à la méchanceté et à la soif de puissance.

Et il y a aussi Michelle Yeoh, tante de Shang-Chi, qui va l'aider dans son combat. Et, dans un rôle très comique et très réussi, Ben Kingsley, qui revient dans l'univers Marvel après son apparition dans le rôle du (faux) Mandarin dans IRON MAN-3 en 2013.

Humour et action

Humour, action et effets spéciaux sont les ingrédients traditionnels de ce régal cinématographique, où le fantastique se mêle aux aventures plus contemporaines, avec réseaux sociaux, Dark Web, cascades et combats (notamment sur un échafaudage géant en bambou sur un immeuble de Macao) et rôles de femmes fortes et émancipées.

La grande nouveauté, dans cet univers Marvel, est que les arts martiaux prennent ici le pas sur les super-pouvoirs, qu'on utilise les bras et les jambes et les bâtons de bambou plus que des armes sophistiquées, qu'on se bat main ouverte et doigts tendus et serrés plutôt qu'avec ses poings, dans des combats à la poésie et chorégraphique toutes chinoises, à l'image du premier duel entre le père et la mère de Shang-Chi lors de leur première rencontre, façon TIGRE ET DRAGON, avec ralentis, effets spéciaux, sauts géants, saltos arrière et coups de savate.

Temps additionnel

Le film dure plus de deux heures et ne laisse jamais le spectateur souffler, à l'exception des séquences d'humour très fréquentes (mention spéciale aux apparitions de Ben Kingsley) et des réflexions sur les relations parents/enfants, sur le deuil (familial ou amoureux), sur le destin et la volonté de le prendre en main, sur la vengeance et le pardon. Certes cela devient confus dans la dernière demi-heure, voire lourd, en manque de subtilité, avec un combat de dragons un peu lassant. Mais c'est globalement très réussi, haletant et rythmé, et digne de figurer au palmarès des meilleurs Marvel.

Et bien sûr, comme pour les bons matches de foot où des buts sont marqués dans le temps additionnel, il ne faut pas partir avant la fin du générique. Car, comme dans tous les films Marvel, une surprise attend le spectateur pendant le générique de fin. Ici la surprise est même double: au début du générique puis, après de longues minutes (où l'on voit défiler presque autant de noms que dans l'annuaire téléphonique de la Lozère), un deuxième clin d'œil annonçant, on s'en doutait, une suite à ce SHANG-CHI. On l'attend avec impatience.

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"Cherche en ton cœur l'ombre et la lumière. Pour te connaître, tu dois les affronter toutes les deux" (la mère de Shang-Chi, quand il a 7 ans).

 

Shang-Chi et la LÉgende des Dix Anneaux

("Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings") (États-Unis, 2h12)

Réalisation: Destin Daniel Cretton

Avec Simu Liu, Awkwafina, Tony Leung

(Sortie le 1er septembre 2021)


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