LES TROIS FRÈRES, LE RETOUR

Les trois pères

Ils sont heureux de se retrouver (©Pamela Duhesme/Pan-Européenne)
Ils sont heureux de se retrouver (©Pamela Duhesme/Pan-Européenne)

N'écoutez pas les mauvaises langues, les intellos coincés et les grincheux. Les Inconnus réussissent leur retour au cinéma, 18 ans après leur premier film en commun, LES TROIS FRÈRES, qui avait attiré sept millions de spectateurs et valu au trio de comiques le César de la meilleure première oeuvre.
Quinze ans après, les trois frères se retrouvent chez le notaire pour un reliquat d'héritage de leur mère, une chanteuse décédée au Nevada et dont les cendres viennent tout juste d'être rapatriées en France par sa maison de disques.
Mais, alors qu'ils s'attendent à toucher un peu d'argent, c'est une dette de quelques milliers d'euros qui leur tombe dessus, et qu'ils doivent assumer en commun. La situation est critique car aucun des trois ne roule sur l'or. Ce sont plutôt des ratés, qui mènent une existence misérable.
Didier (Bourdon), qui a épousé un laideron affublée d'une vieille mère, attend que celle-ci décède pour toucher l'héritage. Il fait croire à sa femme qu'il est prof à Louis-le-Grand, alors qu'il vend des sextoys sur Internet, sur des parkings d'hypermarchés, dans sa voiture transformée en bureau.
Pascal (Legitimus) est devenu un gigolo, qui vit aux crochets d'une riche et vieille dirigeante du milieu du show-biz, qui l'appelle ''mon lapinou'' et le traite comme son larbin sexuel. Il attend de pouvoir la convaincre de l'épouser à Las Vegas, pour partager sa fortune.
Bernard (Campan) enfin est un comédien raté, qui vivote de quelques cachets au café-théâtre, a fait une pub télé  pour des croquettes pour chien et vit dans des roulottes de tournages de films garées dans un enclos en banlieue. C'est le plus naïf des trois, plutôt gentil alors que les deux autres ont un sale caractère.
Pour trouver de l'argent et payer leur dette, les trois demi-frères vont essayer plusieurs combines, toutes aussi foireuses les unes que les autres. Avant que surgissent leurs grands enfants (la fille de Bernard, le fils de Didier), oubliés depuis une quinzaine d'années...
Le scénario est inégal, et le film ressemble souvent à une succession de sketches. Mais l'humour décapant, les dialogues drôles et les gags se succèdent à un rythme soutenu. Il y a du bon et du moins bon, mais on ne s'ennuie pas.
Les Inconnus sont passés maîtres dans la dérision et la parodie des travers de la société. Le notaire s'appelle Me Vaselin, la compagnie de disques qui veut les étrangler financièrement est la Shark & Cie, le cabaret minable où se produit Bernard s'appelle ''Le caveau des trois mulets'', tous trois se retrouvent à un moment dans un hôtel borgne nommé ''Hôtel du va-et-vient'', et Bernard s'essaye à une émission de téléréalité intitulée ''T'es pas cap''.
Il y a une histoire de dealers de banlieue caricaturale et qui ne tient pas la route, et une autre histoire de mariage qui n'est pas plus crédible. Tout ça ne vole pas très haut, mais les dialogues, le jeu des trois compères –aussi à l'aise que dans une série de sketches– et l'absurdité de certaines situations font oublier les ratages.
Et il y a quelques moments visuels savoureux, parfois de quelques secondes seulement, hilarants et preuves d'un bon sens de la mise en scène: des affiches de pub de banques au texte qui change selon la position de celui qui est devant, ou un petit-déjeuner avec croissants et tartines dans la roulotte de ''Joséphine ange-gardien'' qui ne peut que déclencher le rire –sauf peut-être chez les mauvaises langues, les intellos coincés ou les grincheux.
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Eh les mecs, faudrait peut-être enterrer le calumet de la paix'' (Bernard Campan).

LES TROIS FRÈRES, LE RETOUR
(France, 1h46)
Réalisation: Didier Bourdon, Bernard Campan, Pascal Légitimus
Avec: Didier Bourdon, Bernard Campan, Pascal Légitimus
(Sortie le 12 février 2014)