LES GARDIENS DE LA GALAXIE

Sauvez les planètes

Les cinq sauveurs de la galaxie, ce sont eux (©The Walt Disney Company)
Les cinq sauveurs de la galaxie, ce sont eux (©The Walt Disney Company)

Un film qui commence par ''I'm Not in Love'' ne peut pas être foncièrement mauvais.
On est en 1988, le petit Peter Quill, 9 ans, écoute ce tube de 1975, l'une des chansons favorites de sa maman, sur son walkman Sony, dans la salle d'attente de l'hôpital où elle est en train de mourir.
Quand elle rend son dernier souffle, le gamin s'enfuit de l'hôpital en courant. A peine a-t-il fait quelques mètres, sur la pelouse de l'établissement, qu'il est enlevé par une soucoupe volante... (Bon, OK, on a connu des débuts de scénario plus réalistes).
Vingt-six ans plus tard, Peter Quill est un aventurier de l'espace, un solitaire qui vit  dans son vaisseau intergalactique et se fait appeler ''Star-Lord''. Un jour, sur la planète abandonnée Morag, tout en écoutant toujours la compil des tubes préférés de sa maman sur son walkman, il découvre un étrange globe de métal, de la taille d'un pamplemousse, qu'il dérobe pour le vendre au plus offrant.
Pour cela, il va faire un tour sur la planète Xanda. Ça ressemble à la Terre, mélange de Suisse et de Qatar en plus propre, plus futuriste et beaucoup plus cosmopolite. C'est le centre du monde civilisé.
Mais il n'arrive pas à vendre ce fameux globe, dont il ignore les pouvoirs qu'il renferme. Il se retrouve même traqué par des chasseurs de primes, qui veulent récupérer l'objet.
Le globe est convoité par le maléfique Ronan qui, sur une autre planète, veut s'en servir pour menacer l'univers tout entier. Peter Quill décide alors de s'allier à ceux qui le traquent, quatre aliens disparates, qui vont l'aider à sauver la galaxie.
Il y a Gamora, jolie créature d'apparence terrestre mais à la peau verte, fille adoptive d'un guerrier machiavélique qui en a fait une meurtrière sans merci –sans se douter qu'elle allait changer de camp et se retourner contre lui.
Il y a Rocket, un raton-laveur génétiquement modifié, as de la mécanique et guerrier téméraire, chasseur de primes et mercenaire, colérique mais sympathique, hyperactif, qui ne se déplace jamais sans son lanque-roquettes.
Il est accompagné de son copain Groot, un arbre qui parle et qui marche, doté de conscience et de sentiments, qui ne sait dire que trois mots (''Je suis Groot'') et ressemble un peu à Françoise Giroud en fin de carrière.
Enfin il y a Drax, un malabar au corps recouvert de tatouages rouges en relief, un peu brut de décoffrage, dont le seul objectif est de se venger de Ronan qui a tué sa famille.
Mis en prison, les cinq aventuriers s'évadent et partent à la recherche de Ronan. ''Si on ne protège pas la galaxie, qui le fera?'', leur dit Peter Quill...
Ces cinq personnages ont été inventés en 2008 (après une première équipe de ''Gardiens'' apparus en 1969) par les auteurs de Marvel, les comics qui ont donné naissance aux héros Iron Man, Thor, Captain America et autres Avengers. L'adaptation cinématographique de leurs aventures a été confiée à James Gunn, réalisateur jusque là de deux films mineurs, HORRIBILIS et SUPER.
De même c'est un acteur encore peu connu, Chris Pratt, qui a été choisi pour le premier rôle, celui du cow-boy intergalactique Peter Quill, playboy et voleur mais courageux et chevaleresque.
L'interprète de Gamora, elle, est plus connue: c'est Zoe Saldana, l'héroïne d'AVATAR. Et Glenn Close et Benicio Del Toro, notamment, font de brèves apparitions.
Le film, dans la série des grandes productions intergalactiques, mélange habilement humour et action. Ses effets spéciaux feraient passer STAR WARS pour un film d'Eric Rohmer. Mais ce sont les maquillages et les décors qui, ici, font la différence avec les films du même genre.
Les morceaux de bravoure sont ainsi la prison dans laquelle les cinq aventuriers sont retenus au début du film (la moins cool depuis MIDNIGHT EXPRESS) et le repère du ''Collectionneur'' (Benicio Del Toro) derrière le seul bar de l'étonnante planète-colonie minière Knowhere (où l'on irait bien boire des bières après le boulot, mais c'est loin).
Il y a aussi l'exo-casque et les semelles-fusées de Peter Quill, et le cadeau de sa maman qu'il ouvre à la fin du film; il y a Nebula, la garce de soeur adoptive de Gamora, moulée dans sa combinaison bleue et à la partie gauche du visage refait (mais pas au Botox); le super-méchant Thanos, mutant immortel et peu souriant, trahi par Ronan; des batailles de vaisseaux spatiaux; des duels à coups de poing; des mini-dinosaures qui courent partout; et un moment magique où l'arbre Groot, dans l'obscurité, fait surgir des lueurs volantes façon lucioles, comme dans AVATAR.
Tout cela donne un film très réussi, dont l'autodérision concernant les super-héros n'est pas la moindre des qualités. Ce n'est pas pour autant que les studios Marvel en oublient le sens des affaires: la suite est déjà prévue, pour... juillet 2017.
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Qu'est-ce que la galaxie a fait pour toi? Pourquoi veux-tu la sauver?'' (Rocket, à Peter Quill).

LES GARDIENS DE LA GALAXIE
(’’Guardians of the Galaxy’’) (Etats-Unis, 2h01)
Réalisation: James Gunn
Avec Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista
(Sortie le 13 août 2014)