LES APACHES

Cauchemar corse

Les jeunes acteurs des APACHES sont des comédiens débutants (©Pyramide Films)
Les jeunes acteurs des APACHES sont des comédiens débutants (©Pyramide Films)

Ô Corse, ô île d'amour... Mais pas seulement. Dans son premier long métrage, le jeune réalisateur Thierry de Peretti, 43 ans, décrit de façon crue et dramatique l'envers du décor de son île natale.
C'est l'été à Porto-Vecchio, dont les plages et les boîtes de nuit sont envahies par les touristes. Un soir, cinq adolescents un peu désoeuvrés pénètrent dans une luxueuse villa inoccupée et passent la nuit à danser, fumer et boire du Jack Daniel's.
Tous les cinq habitent l'île: une fille et quatre garçons, dont deux fils d'immigrés marocains. L'un d'eux est le fils du gardien de la villa, chargé de s'en occuper en l'absence de ses riches propriétaires continentaux.
Au petit jour, les cinq quittent les lieux en emportant quelques objets sans valeur, et deux fusils de collection. Rien de bien méchant, mais...
Quelques jours plus tard, quand la propriétaire de la maison débarque de Paris et s'aperçoit du cambriolage, elle se plaint auprès d'un entrepreneur local, petit affairiste qui dirige plusieurs chantiers, fait des affaires en tous genres et a quelques hommes de main dans sa famille. Il va se faire fort de retrouver les voleurs...
Dès le début, on voit bien que ces APACHES n'est pas un thriller mais un film ''social'', où le suspense --tiré d'un fait divers réel-- ne sert que de prétexte à décrire la réalité de l'île. Avec les acteurs amateurs ou débutants qui sont l'illustration d'une jeunesse sans avenir, on dirait parfois du Maurice Pialat ou du Larry Clark.
En matière de racisme, les Corses n'ont rien à envier aux continentaux, et les immigrés marocains et leurs enfants ne sont pas mieux traités ici, comme le montre le film. Il y a aussi le ressentiment de beaucoup d'insulaires à l'égard des continentaux, touristes ou habitants à temps partiel, traités de ''Gaulois''.
L'action du film aurait pu se dérouler en basse saison. Mais ici c'est l'été, et les habitants de Porto-Vecchio, ''comme les personnages de mon film, se sentent légitimement dépossédés de là où ils vivent'', explique le réalisateur. ''Et bien sûr, ils portent un regard plutôt acéré et cruel là-dessus. Pour eux, les touristes sont des envahisseurs''.
Le scénario des APACHES, sombre et cauchemardesque, n'a cependant rien à voir avec l'été, les touristes, les plages. A travers toute l'histoire on y voit un Porto-Vecchio bordé de marécages, entouré de zones industrielles ou commerciales, avec ses quartiers pauvres et ses tensions entre Corses de souche et jeunes issus de l'immigration. On n'a pas trop envie d'aller y passer ses prochaines vacances.
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Y'a un type qui vient de se faire tuer. On m'a envoyé la vidéo''. (Un des jeunes, en consultant son téléphone portable).

LES APACHES
(France, 1h22)
Réalisation: Thierry de Peretti
Avec François-Joseph Culioli, Aziz El Haddachi, Hamza Meziani
(Sortie le 14 août 2013)