C'est magique!
Le cinéma, c'est magique. En reprenant le personnage du Magicien d'Oz, les studios Disney et le réalisateur Sam Raimi avaient l'ambition de redonner à tous, petits et grands, une âme d'enfant pendant deux heures. Mission accomplie.
Bien connu des gamins américains du siècle dernier, le Magicien d'Oz a été créé par l'écrivain L. Frank Baum qui, de 1900 à 1920, publia 14 romans. Cela donna un film, un classique du cinéma, LE MAGICIEN D'OZ, en 1946, réalisé par Victor Fleming et avec Judy Garland.
Mais jamais le créateur du personnage n'évoqua l'origine du Magicien. Le scénario du MONDE FANTASTIQUE D'OZ se situe donc avant le début de l'histoire –et en cela n'est pas un remake, mais une préquelle, du film de 1946.
Quand Oscar Diggs (James Franco), petit prestidigitateur de cirque sans envergure, charlatan à la moralité douteuse et séducteur invétéré, est emporté à bord de sa montgolfière et entraîné par une tornade depuis le Kansas poussiéreux jusqu’à l’extravagant Pays d’Oz, il y voit la chance de sa vie. ''La chance frappe à la porte quand on s'y attend le moins'', dit-il.
L'image passe du noir-et-blanc (le Kansas, sa vie antérieure) à la couleur (le Pays d'Oz, sa nouvelle vie). Tout semble possible dans cet endroit merveilleux aux paysages stupéfiants et aux créatures inattendues: chutes d'eau, tournesols géants, papillons rouges, végétation débordante, fées des rivières, petits monstres volants, roses à dents pointues, sombre forêt, corbeaux et araignées, fantômes et lions, palais rempli de pièces d'or, et une route pavée de briques jaunes (la ''Yellow Brick Road'' chantée par Elton John).
Oscar rencontre un petit singe ailé en uniforme de groom, qui va devenir son ami, et une adorable petite poupée de porcelaine dont il va réparer les jambes cassées. Il va aussi rencontrer trois sorcières, Théodora (Mila Kunis), Evanora (Rachel Weisz) et Glinda (Michelle Williams), mais sans savoir au début si elles sont méchantes ou gentilles.
Surtout, il va se faire passer, auprès des habitants d'Oz, en danger face aux forces du Mal, pour le magicien qui va les protéger, le sauveur qu'ils attendent tous. Comment –et quand?-- leur avouer qu'il n'est qu'un petit charlatan? Une seule solution: y croire, et faire croire.
''LE MONDE FANTASTIQUE D’OZ raconte comment Oz est devenu le Magicien, comment un médiocre magicien de cirque, un charlatan, se retrouve dans un monde fantastique qui l’accueille en sauveur. C’est l’histoire d’un homme ordinaire et égoïste qui devient un grand magicien altruiste'', résume Sam Raimi, le réalisateur notamment des trois SPIDER-MAN en 2002, 2004 et 2007.
Acteur dans cette trilogie, James Franco, actuellement à l'affiche de SPRING BREAKERS, a du mal à passer ici du petit charlatan égoïste au sauveur généreux, rôle pour lequel il paraît un peu léger, même s'il affirme à ses nouveaux amis: ''Je ne suis peut-être pas le magicien que vous attendez, mais je suis le magicien qu'il vous faut''.
Dans ses exploits en fin de film, un hommage émouvant est rendu aux premiers temps du cinéma, lanterne magique d'il y a plus d'un siècle. Le film ne manque pas de longueurs et de répétitions, mais tient bien le rythme et ne manque pas de poésie.
Dans les rôles des trois sorcières aux motivations et aux destins bien différents, la rousse Mila Kunis, la bonde Michelle Williams et la brune Rachel Weisz rivalisent de malice et de charme –avec quand même, dans les deux domaines, un avantage certain à la troisième.
Mais on a d'yeux, dans cette gentille histoire entre ALICE AU PAYS DES MERVEILLES et VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE, pour les deux petits personnages qui accompagnent le magicien dans ses aventures mouvementées: le petit singe ailé, rusé mais candide, et la minuscule poupée de porcelaine, attendrissante mais malicieuse.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
''Allons offrir un peu de magie!'' (James Franco, au début du film, dans le rôle du magicien avant d'entrer sur scène).
(''Oz The Great And Powerful'') (Etats-Unis, 2h07)
Réalisation: Sam Raimi
Avec James Franco, Mila Kunis, Rachel Weisz
(Sortie 13 mars 2013)