LE MONDE DE DORY

La famille Poisson

Dory a peu de mémoire mais se souvient de ses parents, et va tenter de les retrouver (©Pixar/Walt Disney).
Dory a peu de mémoire mais se souvient de ses parents, et va tenter de les retrouver (©Pixar/Walt Disney).

Treize ans après le dessin animé LE MONDE DE NEMO, qui eut un succès phénoménal, les studios Pixar présentent la suite, LE MONDE DE DORY, belle histoire familiale et formidable plaidoyer pour l'acceptation de la différence et du handicap.

Car Dory souffre d'un handicap: elle a des troubles de la mémoire à court terme –elle a une mémoire de poisson rouge! Poisson chirurgien bleu (ce n'est pas son métier, c'est son espèce), elle n'en est pas pour autant malheureuse: d'un naturel joyeux et optimiste, elle prend la vie du bon côté et mène une existence heureuse dans les récifs, avec ses amis Marin et son fils Nemo (qu'elle avait rencontrés dans le premier film).

Mais, un jour, elle se souvient brusquement qu’elle a quelque part une famille, qui est sans doute à sa recherche. Car un souvenir lui revient: l'image de ses parents, et une baie de Californie. Avec Nemo et Marin, elle traverse donc l'océan pour se rendre au prestigieux Institut de biologie marine, en Californie. Et peu à peu quelques autres souvenirs viennent rafraîchir sa mémoire défaillante.

Pour retrouver sa mère et son père, Dory, toujours aidée de Nemo et Marin, va demander leur aide à trois étonnants pensionnaires de l’Institut: Hank, un poulpe grincheux qui passe son temps à s’échapper; Bailey, un béluga convaincu que son sonar ne fonctionne plus (et qui a tort, car il manque de confiance en lui); et Destinée, un requin-baleine complètement myope, copine d'enfance de Dory et qui se cogne sur les murs de son bassin. Tout ce petit monde va connaître pas mal d'aventures et surmonter pas mal d'obstacles avant de (peut-être) toucher au but…

Coréalisateur (avec Angus MacLane) du film, Andrew Stanton était déjà aux commandes du MONDE DE NEMO en 2003, dans lequel Dory était un personnage secondaire. "La première fois que l’on rencontre Dory, on apprend qu’elle ne sait pas d’où elle vient. Or, elle a sûrement une famille. J’étais convaincu que c’était une histoire qui valait vraiment la peine d’être racontée", dit-il.

"Dory a passé la majeure partie de sa vie à errer dans l’océan. À cause de son trouble de la mémoire immédiate, elle a oublié tous ceux qu’elle connaissait, mais pas ce qu’elle a éprouvé. Ces abandons répétés lui ont laissé un sentiment de perte et de séparation", poursuit-il. Pourtant, "elle se dissimule derrière un tempérament optimiste et généreux. C’est une armure qu’elle arbore inconsciemment dans l’espoir que les autres ne se lassent pas d’elle. Lorsqu’elle apparaît dans LE MONDE DE NEMO, l’une de ses premières répliques est: +Je suis désolée+. Partant du principe que ses problèmes de mémoire ont entraîné une catastrophe, elle s’efforce de la réparer. Pour moi, c’est une vraie mine d’or. Un personnage qui mérite d’avoir une meilleure opinion de lui-même, avec une histoire à raconter".

Son histoire, on la raconte donc en début de film, avec un flashback sur son enfance. Dory est alors un tout petit poisson, avec de grands yeux et une toute petite voix, que ses parents encouragent à surmonter son handicap, sans jamais douter d'elle. Mais c'est pendant cette enfance qu'un jour, emportée par le courant, elle a perdu ses parents. Ce début de film est tellement triste et tire tellement les larmes aux spectateurs les plus endurcis que certains parents vont devoir sortir les mouchoirs pour leur gamin assis à côté d'eux dans la salle de cinéma…

Heureusement l'histoire, après ce flashback émouvant, reprend vite son rythme, avec Dory adulte, dans un flot de gags et d'aventures qui, bien sûr, se finira bien. La 3D, la qualité des décors sous-marins et de l'animation, l'humour et le suspense font du film une vraie réussite, avec dans la version française des voix nouvelles qui s'ajoutent à celles de Céline Montsarrat (Dory) et Franck Dubosc (Marin): ici ce sont Philippe Lellouche (Hank), Mathilde Seigner (Destinée), Kev Adams (Bailey) et… Claire Chazal (une surprise rigolote en fin de film). Sans oublier quelques derniers gags après le générique de fin…

Le film a été produit par les studios Pixar, créés en 1986 et rachetés en 2006 par Walt Disney, et qui sont sans doute les plus inventifs parmi le trio de grands studios américains qui se disputent les succès des dessins animés: Pixar, DreamWorks (SHREK, MADAGASCAR, KUNG FU PANDA) et Disney. Pixar a produit notamment les séries TOY STORY, MONSTRES ET CIE et CARS, RATATOUILLE, LÀ-HAUT, WALL-E, et l'an dernier le génial VICE-VERSA. Sur les 15 Oscars du meilleur dessin animé depuis la création de la catégorie en 2002, Pixar en a obtenu 8 (dont LE MONDE DE NEMO et VICE-VERSA).

LE MONDE DE DORY aura-t-il le même succès que LE MONDE DE NEMO (plus de 936 millions de dollars dans le monde, plus de 9 millions de spectateurs en France)? C'est bien parti mais en tout cas il est plus émouvant, en secouant le spectateur de tout âge sur les valeurs de la famille, de l'amour parental, de l'amitié, de la solidarité, du dépassement de soi, de la tolérance face au handicap et à la différence, de la recherche de ses origines.

Dory, qui recèle des capacités dont ses parents n'ont jamais douté, a appris à vivre heureuse au jour le jour, sans faire de projets, en remettant sans arrêt les compteurs à zéro: c'est la leçon du film, pour petits et grands. Mais sans oublier l'amour de ses parents, puisque cela ne peut s'oublier. "Dory oublie des détails de sa vie de tous les jours, comme par exemple le nom de Nemo, mais sa mémoire émotionnelle fonctionne parfaitement", explique Lindsey Collins, coproductrice du film. "Elle sait qu’elle aime Nemo et Marin. Et l’amour qu’elle porte à ses parents est toujours là, enfoui en elle". L'amour plus fort que la mémoire: joli message, non?

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"Tu as de la chance: pas de souvenirs, pas de problèmes" (Hank le poulpe, à Dory).

 

LE MONDE DE DORY

("Finding Dory") (États-Unis, 1h35)

Réalisation: Andrew Stanton et Angus MacLane

(Animation)

(Sortie le 22 juin 2016)