LE LOUP DE WALL STREET

Leonardo DiCaprio golden boy

Leo le loup, dans la jungle de Wall Street (©Metropolitan FilmExport)
Leo le loup, dans la jungle de Wall Street (©Metropolitan FilmExport)

''Je m’appelle Jordan Belfort. L’année de mes 26 ans, je me suis fait 49 millions de dollars. Ce qui m’a carrément fait chier, c’est qu’à trois près, ça aurait fait un million par semaine...''
Dès le début, le ton est donné. Dans LE LOUP DE WALL STREET, Martin Scorsese raconte l'histoire (vraie) d'un golden boy qui a amassé une fortune en escroquant sans scrupule des investisseurs –petits, moyens, grands– avant de se précipiter dans une chute aussi vertigineuse que son ascension.
Fin des années 80, les ''années fric''. Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio) commence sa carrière dans une salle des marchés comme ''connecteur'': il appelle des clients pour leur vendre des actions et en tirer des commissions.
Petit à petit, il fait son trou. Mais, le 19 octobre 1987, c'est le ''lundi noir'': Wall Street s'effondre, des pans entiers de l'économie s'écroulent, l'entreprise de courtiers qui l'emploie ferme, il se retrouve au chômage.
Il repart alors au bas de l'échelle. Rencontre un vendeur de meubles qui a épousé sa cousine. Ouvre une petite boite de courtage par téléphone dans un garage, avec quatre vendeurs un peu minables. Vend des actions pourries à des investisseurs modestes.
Petit à petit, il fait son trou, à nouveau, à force de talent, de volonté, de cynisme décomplexé et de sens des affaires. Au bout de quelques années, sa société, Stratton Oakmont, accumule les millions de dollars de bénéfices et emploie des dizaines de courtiers.
C'est la gloire, le succès, la folie. Le magazine Forbes le surnomme ''le loup de Wall Street''. L’argent, l’adrénaline, le sexe, la drogue: lui et sa meute sont pris dans le tourbillon. Plus dure sera la chute...
Le scénario est donc tiré d'une histoire vraie, celle que Jordan Belfort a racontée dans son autobiographie parue en 2007. Avant d'être coincé par le FBI et de passer 22 mois en prison pour détournement de fonds, fraude sur les valeurs mobilières et blanchiment d’argent, l'homme menait une existence inimaginable pour le commun des mortels.
Il pilotait son hélicoptère personnel, conduisait six voitures de luxe,  possédait un yacht de 50 mètres ayant appartenu à Coco Chanel, collectionnait les notes d’hôtels à 700.000 dollars et les prostituées, et avalait chaque jour, entre deux rails de cocaïne, 20 comprimés de Quaalude, un sédatif aux effets similaires aux barbituriques.
''Pour moi, cette histoire est celle d’un Caligula moderne'', dit Leonardo DiCaprio, qui a coproduit le film avec Martin Scorsese. C'est leur cinquième collaboration, après GANGS OF NEW YORK, AVIATOR, LES INFILTRÉS et SHUTTER ISLAND.
''L’histoire de Jordan Belfort entre complètement dans le cadre de la fascination qu’éprouvent les Américains pour l’ascension et la chute, le destin d’un homme, dans la grande tradition du monde des gangsters'', explique le réalisateur, qui démontre une maîtrise de la mise en scène, un humour, une force de conviction et un sens du rythme qui sont sa marque de fabrique depuis bien longtemps.
Jean Dujardin, en banquier suisse à l'anglais (volontairement) très approximatif et au caractère roublard, a un joli petit rôle dans ce film brillant, long (près de trois heures, Scorsese peut se permettre cette extravagance) mais passionnant de bout en bout, qui fait froid dans le dos tout en restant drôle, spectaculaire, attrayant.
Outre Jean Dujardin, les seconds rôles sont riches (un Jonah Hill bluffant et un Matthew McConaughey méconnaissable et savoureux), entourant un Leo DiCaprio plus magistral que jamais –après trois nominations, il serait temps de lui donner un Oscar, un de ces jours.
LE LOUP DE WALL STREET, c'est, raconté avec talent par Scorsese, le côté scandaleux de la finance sauvage, le règne de l'argent roi, l'avidité sans scrupule des golden boys, la course sans fin aux profits sans limite, cette gangrène qui a déclenché tant de crises financières, celle de 2008 par exemple.
''A la fin des années 80 et au début des années 90, Wall Street n’était absolument pas réglementé, c’était une sorte de Far West'', explique DiCaprio. Pas sûr que la situation, deux décennies plus tard, ait bien changé. Les loups sont toujours au coin du bois, traquant leurs proies...
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Réglez vos problèmes en devenant riches'' (Leonardo DiCaprio, à ses courtiers).

LE LOUP DE WALL STREET
(''The Wolf of Wall Street'') (États-Unis, 2h59)
Réalisation: Martin Scorsese
Avec Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Jean Dujardin
(Sortie le 25 décembre 2013)