LE HOBBIT: LA DÉSOLATION DE SMAUG

De l'art de faire patienter

Bilbon le Hobbit (Martin Freeman) devient plus courageux (©MGM/Warner)
Bilbon le Hobbit (Martin Freeman) devient plus courageux (©MGM/Warner)

Le principe est connu: en adaptant un livre, parfois on fait deux films: TWILIGHT, HARRY POTTER ou HUNGER GAMES, entre autres.
Encore mieux: Peter Jackson fait trois films.
Pour sa trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX, c'était justifié: il y avait trois volumes de J.R.R. Tolkien. Mais le réalisateur néo-zélandais multi-oscarisé a choisi d'adapter également en trois films le livre Le Hobbit, ce qui est plus discutable.
Un an après LE HOBBIT: UN VOYAGE INATTENDU qui a rapporté plus d'un milliard de dollars dans le monde, et un an avant le troisième volet LE HOBBIT: HISTOIRE D'UN ALLER ET RETOUR, voici donc le film intermédiaire, un peu coincé entre les deux, LE HOBBIT: LA DÉSOLATION DE SMAUG.
On est toujours dans la Terre du Milieu, et Bilbon Sacquet (Martin Freeman) accompagne toujours les 13 Nains d'Erebor, conduits par leur chef Thorin Écu-de-Chêne (Richard Armitage), dans la reconquête de leur royaume, sur (ou sous) le Mont Solitaire, là-bas, bien loin vers l'Est.
Le magicien Gandalf le Gris (Ian McKellen) les conseille et les aide, sans être en permanence avec eux, mais en veillant sur leur destinée.
La petite bande, poursuivie par les Orques, maléfiques créatures, et menacée par de nombreux autres dangers, va rencontrer dans la forêt des Elfes Sylvestres, avant d'arriver non loin du Mont Solitaire, à Esgaroth, une ville de pêcheurs.
C'est là que le moment de vérité va survenir. Il s'agit, pour reconquérir le royaume perdu, de vaincre celui qui s'y est installé en maître, sur le Mont Solitaire: Smaug, le dragon...
Les personnages étant déjà connus depuis le premier volet, Peter Jackson ne s'attarde pas en présentations, et le rythme est donc plus rapide, les temps morts moins nombreux. Mais, comme c'était le cas récemment pour HUNGER GAMES: L'EMBRASEMENT, ce deuxième volet n'est qu'un pont entre le premier et le troisième.
Tout l'art ici est de faire patienter le spectateur: l'action est lancée, mais on sait qu'elle n'ira pas jusqu'au bout, il faudra attendre le numéro-3. Faire durer le plaisir ou profiter du filon? Les trois films ont été tournés simultanément, c'est ici une question de montage et d'étalement de l'histoire.
A ce propos, Peter Jackson s'est permis des libertés par rapport au livre original en créant un personnage d'Elfe féminin qui n'existait pas, Tauriel (Evangeline Lilly). Elle manie l'arc et les flêches aussi bien que son compère Legolas (Orlando Bloom), qu'on n'avait pas revu depuis LE SEIGNEUR DES ANNEAUX.
Pour ce deuxième film, ''le défi était d'accentuer le conflit et de renforcer les obstacles pour nos personnages'', explique le réalisateur. ''Je voulais que ce soit un peu comme un thriller, au fur et à mesure que les événements et les enjeux s'intensifient''.
Si Gandalf, moins présent, est toujours sage et parfois facétieux, Bilbon a évolué. Il est plus posé, plus courageux, et assume davantage ses responsabilités. Et a toujours en poche le fameux Anneau qui le rend invisible mais dont les pouvoirs l'effraient un peu.
Dans ce périple des Nains vers leur royaume perdu, il y a un ours qui se transforme en homme (et vice-versa), des araignées géantes, des montagnes et des forêts (celles de Nouvelle-Zélande, paysages superbes), des sentiers qui disparaissent, des feuilles rousses et des papillons bleus, un début de romance entre Nain et Elfe, des rivières qu'on dévale en barrique, une porte scellée à flanc de montagne, un gros diamant blanc, de l'or en fusion, une mine et des wagonnets, une ville au bord d'un lac, et bien sûr un dragon qui pète le feu et n'attend que cela: Bilbon, les nains, le spectateur.
Celui-ci, pour sa part, attend la suite.
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Je suis le feu, je suis la mort'' (Smaug, le dragon).

LE HOBBIT: LA DÉSOLATION DE SMAUG
(''The Hobbit: The Desolation of Smaug'') (États-Unis, 2h41)
Réalisation: Peter Jackson
Avec Martin Freeman, Richard Armitage, Ian McKellen
(Sortie le 11 décembre 2013)