Destins dans le brouillard
Un réalisateur américain d'origine grecque (Willem Dafoe) réalise un film sur la vie mouvementée de ses parents (Irène Jacob et Michel Piccoli). Destins personnels et grande Histoire se mêlent, de la Sibérie à New York, de Rome à Berlin, évoquant l'exil, le stalinisme, l'émigration juive, l'Europe de l'Est, les espoirs déçus d'un nouveau monde...
LA POUSSIÈRE DU TEMPS est le dernier film, posthume, de Theo Angelopoulos, décédé l'an dernier. Comme dans ses films majeurs (LE VOYAGE DES COMÉDIENS en 1975, LE REGARD D'ULYSSE en 1995, L'ÉTERNITÉ ET UN JOUR Palme d'or à Cannes en 1998), c'est un ton grave qu'utilise le réalisateur grec, des images souvent froides et brumeuses, un scénario un peu déprimant.
Ici les destins qui se croisent font penser à du Lelouch pour intellos, le pessimisme en plus: la moitié des personnages meurent ou se suicident ou veulent se suicider... Et la réalisation manque de légèreté: c'est grave et beau, mais lourd et grandiloquent, avec des scènes très appuyées, une musique pompeuse et des silences pesants. Angelopoulos n'a jamais fait dans la gaudriole, certes, mais tout cela pèse des tonnes, comme les statues de Staline au début du film.
Restent un souffle d'ensemble indéniable et quelques jolis moments, comme ce toast porté par Bruno Ganz dans le métro de Berlin en présence de Michel Piccoli et Irène Jacob, pour célébrer le passé, souvent douloureux, de ces trois personnages entrant dans la vieillesse: ''A la poussière du temps qui tombe sur toutes choses, grandes et petites''.
JmC
LA PHRASE
''Ma seule maison, c'est les histoires que je raconte''. (Willem Dafoe, dans le rôle du réalisateur qui a consacré sa vie à son travail et a négligé sa famille).
(''Trilogia II : I skoni tou hronou'') (Grèce, 2h05)
Réalisation: Theo Angelopoulos
Avec Willem Dafoe, Bruno Ganz, Irène Jacob, Michel Piccoli
(Sortie le 13 février 2013)