La vraie beauté est intérieure, mais Emma Watson est aussi très jolie
Encore un remake. Un remake de remake. Vingt-six ans après leur dessin animé, les studios Disney adaptent à nouveau LA BELLE ET LA BÊTE, un conte du XVIIIe siècle qu'avaient déjà porté à l'écran Jean Cocteau en 1946 (avec Jean Marais et Josette Day) et plus récemment Christopher Gans en 2014 (avec Vincent Cassel et Léa Seydoux).
Même si la Bête ressemble beaucoup à celle du dessin animé de 1991, Disney cette fois-ci a décidé de tourner avec des acteurs réels –entourés de nombreux effets spéciaux numériques– et de faire de ce remake une comédie musicale, où de nombreuses scènes sont chantées.
L'histoire est connue. Un jeune et beau prince devenu insolent et égoïste est transformé en Bête par une ensorceleuse et condamné à vivre dans son château isolé avec comme seule compagnie ses domestiques transformés en objets: un chandelier, une horloge, une théière et sa petite tasse, une armoire, un clavecin, un plumeau à poussière, un tabouret, un portemanteau.
Celle qui lui a jeté un sort lui a laissé une rose rouge et un espoir d'échapper à sa malédiction et de redevenir un être humain, à une condition: qu'il apprenne à aimer et à être aimé avant que ne tombe le dernier pétale de la fleur. Aimer passe encore, mais être aimé, avec son physique…
Heureusement la vraie beauté est intérieure. Et parfois extérieure, comme c'est le cas pour Belle (Emma Watson), jeune et jolie villageoise pleine de vie, qui vit avec son père veuf dans une modeste maison, lit plein de livres, chante, rêve d'aventure et a un sacré caractère. "Elle est aussi belle que rebelle", dit Gaston, un soldat bellâtre, inculte et vaniteux, dont elle repousse régulièrement les avances mais qui ne lâche pas l'affaire.
Un soir, le père de Belle se retrouve prisonnier de la Bête après s'être égaré en forêt et avoir malencontreusement cueilli une rose dans le jardin. Belle va le rejoindre et prendre sa place dans le château, recluse volontaire de la Bête mais accueillie avec bienveillance par le chandelier, l'horloge et tous les autres objets qui parlent. Une prisonnière d'abord effrayée par la Bête mais qui, petit à petit, va apprendre à la connaître. La vraie beauté est intérieure…
Ce remake 2017 est signé Bill Condon, le réalisateur de DREAMGIRLS (2006, avec Beyoncé, Jamie Foxx et Eddie Murphy) et des deux derniers chapitres de la série TWILIGHT (2011 et 2012). Entre gnangnan et poésie, entre émotion factice et vrais pincements au cœur, le film manque un peu d'humour –sauf à la fin–, et c'est un peu longuet (2h10) car les chansons, du compositeur Alan Menken (LA PETITE SIRÈNE, ALADDIN, POCAHANTAS) et du parolier Tim Rice (LE ROI LION, EVITA) ralentissent le rythme.
Mais Emma Watson joue (et chante) très juste, sans en faire des tonnes dans l'émotion mais rayonnante de beauté tranquille, face à l'acteur gallois Luke Evans qui interprète sans complexe un Gaston vraiment antipathique. L'autre réussite du film sont les objets qui parlent et auxquels, dans la version originale, des acteurs connus prêtent leurs voix et apparaissent à la fin: Ewan McGregor (le chandelier), Ian McKellen (l'horloge), Emma Thompson (la théière), Stanley Tucci (le clavecin)…
Puisque ce conte de tradition orale a été couché sur le papier au XVIIIe siècle par la romancière française Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, il y a donc une "french touch" à la Disney dans ce LA BELLE ET LA BÊTE 2017: le village s'appelle Villeneuve, l'acolyte de Gaston se nomme LeFou et les objets dansent le french cancan en organisant un dîner au château.
Et il y a aussi, discrètement, un message de féminisme et de tolérance: Belle apprend à lire aux petites filles du village, et le réalisateur a glissé dans le film une scène gay qui a beaucoup fait parler ces dernières semaines.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"La vraie beauté est intérieure" (voix off, au début du film).
("Beauty And The Beast") (États-Unis, 2h10)
Réalisation: Bill Condon
Avec Emma Watson, Dan Stevens, Luke Evans
(Sortie le 22 mars 2017)