L'OMBRE D'EMILY

Une femme disparaît

Anna Kendrick (à gauche) enquête sur la disparition inexpliquée de Blake Lively (©Metropolitan FilmExport).
Anna Kendrick (à gauche) enquête sur la disparition inexpliquée de Blake Lively (©Metropolitan FilmExport).

Une mère au foyer et une carriériste ambitieuse: deux femmes que tout oppose se lient d'amitié, puis la première enquête sur la disparition inexpliquée de la seconde. C'est l'histoire du film L'OMBRE D'EMILY, thriller sur le ton de la comédie.

Stephanie (Anna Kendrick), mère d'un petit garçon, est veuve depuis la mort de son mari dans un accident de voiture et vit grâce à l'argent de l'assurance décès. Solitaire et un peu coincée, elle habite une banlieue résidentielle chic et ne travaille pas mais tient un blog de mère au foyer sur lequel elle publie régulièrement des vidéos de conseils en tous genres.

Emily (Blake Lively) est aussi mère d'un petit garçon du même âge, mais est très différente. Séduisante et sarcastique, elle occupe un poste important dans le milieu de la haute couture, son mari est un écrivain britannique séduisant et elle habite une maison ultra-moderne aux grandes baies vitrées dans lequel elle boit des vodkas-martinis.

Lorsque Stephanie est invitée pour la première fois chez Emily pour que leurs enfants jouent ensemble, elle est séduite par son charme et son assurance. Les deux femmes vont vite apprendre à se connaître, commencent à s'avouer quelques secrets, se rapprochent l'une de l'autre.

Un jour, Emily demande à Stephanie de prendre son fils à la sortie de l'école. Mais tout se complique quand Stephanie se rend compte qu'Emily a disparu, sans raison, sans que l'on sache où, sans laisser de traces. Avec le mari d'Emily, et parallèlement à la police, Stephanie va alors mener son enquête, avec l'aide des followers de son blog. Elle n’a aucune idée de la tournure que vont prendre les événements mais va découvrir quelques secrets et se mettre elle-même en danger…

Trahisons, vengeance, mensonges, mystères et réseaux sociaux: il y a du suspense dans cette histoire, et des deux femmes si différentes la plus manipulatrice n'est pas celle que l'on croit. Mais le film est traité avec un humour pince-sans-rire et beaucoup de second degré qui le rapprochent autant de la comédie que du thriller.

C'est la marque de fabrique du réalisateur, Paul Feig, spécialiste des films d'action traités sur le ton de la rigolade (LES FLINGUEUSES, SPY, ou en 2016 le remake 100% féminin de SOS FANTÔMES). "J’adore les films où on rit la moitié du temps et où on est terrifié le reste du temps. C’est exactement comme dans la vie. On se demande souvent: +Est-ce que cette personne est vraiment sérieuse? Est-ce qu’elle cache quelque chose?+ Dans ce film, ce sont des questions centrales", dit-il.

Dans une réalisation paresseuse aux décors et dialogues qui font parfois penser à une série télévisée, les deux actrices livrent des performances inégales. On est davantage convaincu par le jeu et le personnage de la blonde Blake Lively que par la brune Anna Kendrick, révélée au début des années 2000 par la saga TWILIGHT.

Le film oscille entre sitcom et suspense, le scénario est un peu tiré par les cheveux sur la fin, mais Paul Feig a l'élégance de ne pas trop se prendre au sérieux. Et, bon point pour lui, il affiche une certaine francophilie en faisant allusion, à un moment, au film d'Henri-Georges Clouzot LES DIABOLIQUES, ou en parsemant son film de morceaux musicaux so frenchy qu'écoute, chic du chic, le personnage d'Emily dans sa belle villa: de vieux tubes (Comment te dire adieu par Françoise Hardy, Bonnie and Clyde par Brigitte Bardot et Serge Gainsbourg, Les cactus par Jacques Dutronc, Laisse tomber les filles par France Gall) ou des chansons plus récentes (Les passants par Zaz, Changement par Orelsan).

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"C'est vrai, on a tous nos secrets" (un agent d'assurance enquêtant sur la disparation d'Emily).

 

L'OMBRE D'EMILY

("A Simple Favor") (États-Unis, 1h58)

Réalisation: Paul Feig

Avec Anna Kendrick, Blake Lively, Henry Golding

(Sortie le 26 septembre 2018)