GIBRALTAR

Mauvais deal

Gilles Lellouche pris dans l'étau (©Marc Cotellon/SND)
Gilles Lellouche pris dans l'étau (©Marc Cotellon/SND)

C'est la semaine des films tirés d'histoire vraies. Outre NO PAIN NO GAIN et LE MAJORDOME, voici ce GIBRALTAR qui raconte comment Marc Fievet s'est fait, dit-il, piéger par les Douanes françaises dans les années 1990 alors qu'il travaillait pour elles comme indicateur à Gibraltar.
Ici Marc, c'est Gilles Lellouche. Il a quitté la France après des ennuis financiers et deux dépôts de bilan et, pour échapper à sa banque, s'est exilé à Gibraltar avec sa femme et leur bébé.
Mais à Gibraltar non plus, les affaires ne vont pas très fort. Lui et sa femme tiennent un bar-restaurant mais ont du mal à joindre les deux bouts, et il ne peut plus payer les traites du beau bâteau qu'il s'est acheté.
Un jour, un officier des Douanes françaises (Tahar Rahim) lui propose de devenir son indic, son ''aviseur'', en laissant traîner l'oreille sur ce qui se passe dans son bar, rendez-vous régulier de quelques trafiquants et marins interlopes. En échange: 10% de la valeur de la drogue récupérée à chaque opération dénoncée.
Marc n'hésite pas longtemps. Pour gagner de l'argent et mettre sa famille à l'abri, il accepte de jouer le jeu. Mettant ainsi le doigt dans un engrenage qui va vite le dépasser, vite coincé entre autorités et narcotrafiquants, entre Français, Britanniques, Espagnols, Irlandais, Italiens, Marocains, Canadiens.
La vraie vedette du film est Gibraltar, ce gros rocher sous administration britannique situé à la pointe sud de l'Espagne et à une quinzaine de kilomètres des côtes marocaines, carrefour de nombreux trafics de drogue. L'ambiance qui y règne, entre tranquillité et tension, est une bonne toile de fond à cette histoire à suspense d'un homme banal qui se laisse emporter par l'appât du gain sans prendre la mesure du danger.
''Ce qui m'a plu, c'est ce père de famille qui, d'abord pour des raisons financières, met le pied dans une mécanique qui va le broyer et se retourner contre lui: tout à coup, à cause de lui, sa famille est en danger et il se retrouve pris en étau entre les Douanes françaises et les narcotrafiquants'', explique le réalisateur Julien Leclerq, dont c'est le troisième film après CHYSALIS en 2007 (avec Albert Dupontel) et L'ASSAUT en 2010 (avec Vincent Elbaz, l'histoire de la prise d'otages des passagers du Boeing d'Air France Alger-Paris à Marseille en 1994).
Il dit n'avoir ''pas souhaité rencontrer Marc Fievet, pour ne pas me laisser dévier de ma conception initiale du personnage''. Pourtant, malgré les efforts pour rendre celui-ci sympathique, on a du mal à prendre son parti et à s'apitoyer sur son sort, plus ses ennuis s'accumulent, plus le film avance. Le suspense est bien orchestré mais l'empathie pour le personnage principal ne s'installe pas –histoire vraie ou pas.
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Garder un traitre près de soi, c'est comme planter un paratonnerre dans son jardin. Ça évite que la foudre tombe sur ta maison''. (Un des trafiquants, à Gilles Lellouche).

GIBRALTAR
(France, 1h50)
Réalisation: Julien Leclercq
Avec Gilles Lellouche, Tahar Rahim, Riccardo Scamarcio
(Sortie le 11 septembre 2013)