RUMOURS, NUIT BLANCHE AU SOMMET

G7 drôle d'impression

La chancelière allemande (Cate Blanchett) accueille les dirigeants du G7 dans un château, mais la réunion va mal tourner (©Bleecker Street/Potemkine Distribution).
La chancelière allemande (Cate Blanchett) accueille les dirigeants du G7 dans un château, mais la réunion va mal tourner (©Bleecker Street/Potemkine Distribution).

À quoi sert le G7, réunion annuelle des dirigeants des sept principales puissances du monde occidental depuis 1975? À rien, répond le film canadien RUMOURS, NUIT BLANCHE AU SOMMET (ce mercredi 7 mai sur les écrans), satire politique mâtinée de fantastique et de surréalisme.

C'est dans un château en Allemagne que se réunissent les sept chefs d'État et de gouvernement, et c'est donc la chancelière allemande (Cate Blanchett), tailleur rose et verbe ferme à la Angela Merkel, qui accueille.

Le président américain est le doyen des invités et, à la Joe Biden, a tendance à s'endormir. Le Premier ministre italien est un peu benêt et timide, son homologue japonais guilleret et curieux. Le représentant canadien (Roy Dupuis) est bel homme et séducteur (il rappelle Justin Trudeau, selon la presse canadienne) et l'une de ses dernières conquêtes est à ses côtés: c'est la Première ministre britannique.

Bon vin et poésie

Quant au président français (Denis Ménochet), amateur de bon vin et de poésie, il a des airs d'un François Hollande qui se serait fait pousser la moustache et aurait pris une dizaine de kilos et quelques cours d'anglais.

Tout ce petit monde pose pour la photo avec des pelles, après la découverte, dans un coin du parc, de restes humains datant de la Préhistoire –qui, comme chacun sait, est la période comprise entre l'apparition du genre humain et celle de l'écriture.

Déclaration commune

L'écriture, c'est la dernière tâche des sept dirigeants avant de clôturer leur réunion: rédiger la traditionnelle déclaration commune, après un repas bien arrosé dans un kiosque du parc, un peu à l'écart du château.

Mais, alors que la nuit tombe, la bande des sept se rend compte qu'il n'y a plus personne au château et qu'ils n'ont plus de réseau téléphonique ou internet. Ils vont se retrouver seuls, en pleine forêt, dans la nuit et le brouillard, livrés à eux-mêmes et à des périls mystérieux et inattendus…

Farce surréaliste

De la politique et de l'ironie, du réalisme et du fantastique, du suspense et un peu d'horreur: à mi-film, l'histoire vire au mélange entre premier et second degrés et à la farce surréaliste. Et bien sûr, l'image des dirigeants qui nous gouvernent ne s'en trouve pas embellie.

Pourtant, "faire une satire n'a jamais été une de nos préoccupations. (…) Nous avons évité toute allégorie et tout symbole politique et nous ne savons d'ailleurs même pas de quel bord politique sont ces personnages", affirment les trois coréalisateurs du film Guy Maddin et les frères Evan et Galen Johnson, tous trois originaires de Winnipeg.

Festival de Cannes

De même, ils disent n'avoir pas cherché à donner à ce RUMOURS un ton de comédie. Le film a été présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2024 et, s'étonnent-ils, "lorsque les gens ont commencé à rire à Cannes, qu'ils ont commencé à rire dès le générique de début et qu'ils ont ensuite ri bien plus que nous n'aurions pu l'imaginer, nous avons été choqués parce que nous nous demandions encore juste avant quelle était la véritable nature de ce film".

Davantage que se moquer d'eux, les trois coréalisateurs ont voulu placer les sept dirigeants –et la représentante de l'Union européenne, qui apparaît au bout d'une heure– dans une histoire à suspense: "Nous nous sommes dit: prenons ces gens et plongeons-les en pleine crise. Pas une crise géopolitique qui leur impose de faire de grands discours ou d’émettre des ordres et des déclarations, mais une menace directe et véritable pour leur propre vie. Que pourrions-nous alors apprendre à leur sujet?"

Des hauts et des bas

Le film a des hauts et des bas, part d'une bonne idée mais s'effiloche au fil du récit. Et il donne effectivement l'impression globale d'une satire politique un peu facile, un peu lourde, faussement allégorique et pas très drôle.

Certes, comme la presse, il est sain et vital que le cinéma puisse critiquer, accuser, voire ridiculiser le personnel politique et la diplomatie. Mais par les temps poutino-trumpistes qui courent, revient en tête la citation de Winston Churchill qui estimait, en 1947, que "la démocratie est le pire système de gouvernement, à l'exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l'Histoire".

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"Mieux vaut brûler vif que mourir à petit feu" (le Premier ministre canadien).

 

Rumours, nuit blanche au sommet

("Rumours") (Canada/Allemagne, 1h53)

Réalisation: Guy Maddin, Evan Johnson, Galen Johnson

Avec Cate Blanchett, Roy Dupuis, Denis Ménochet

(Sortie le 7 mai 2025)


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