MOI QUI T'AIMAIS

Montand-Signoret: les dernières années d'un couple mythique

Yves Montand et Simone Signoret, couple mythique du cinéma français, sont interprétés par Roschdy Zem et Marina Foïs (©David Koskas/New Light Films/Pan Distribution).
Yves Montand et Simone Signoret, couple mythique du cinéma français, sont interprétés par Roschdy Zem et Marina Foïs (©David Koskas/New Light Films/Pan Distribution).

Ils se sont tant aimés. Surtout elle. Surtout lui. "Elle l’aimait plus que tout, il l’aimait plus que toutes les autres", dit l'un des slogans du film: dans MOI QUI T'AIMAIS (ce mercredi 1er octobre sur les écrans), la réalisatrice Diane Kurys raconte les derniers feux, les 10 dernières années du couple le plus mythique de l'histoire du cinéma français, Yves Montand et Simone Signoret.

Elle accusait le poids des années, fumait et buvait trop. Il la trompait régulièrement. Mais aucun des deux n'a envisagé de quitter l'autre. Le film commence en 1974, avec Police Python 357, dans lequel Alain Corneau demande à Signoret (Marina Foïs) de jouer un petit rôle, aux côtés de Montand (Roschdy Zem). L'actrice publie ses mémoires (La nostalgie n'est plus ce qu'elle était) en 1975. En 1978, son interprétation de Mme Rosa dans le film La Vie devant soi lui vaut le César de la meilleure actrice.

Pour Montand, opposition réaffirmée au communisme et élection de François Mitterrand en 1981, nouvel album et triomphe à l'Olympia en 1981 et 1982, une dizaine de films et une dernière compagne, Carole Amiel en 1982 ("Vous n'êtes pas la première, mais vous serez sûrement la dernière", lui dit Signoret, qui la rencontre).

Tromperies

Signoret n'était pas dupe des tromperies de son mari. "Vous savez très bien que Montand, c'est «un film, une blonde». Quoi qu'il n'ait rien contre les rousses puisqu'il a eu une aventure avec Shirley MacLaine, et elle est très rousse…", dit-elle à sa gouvernante, à un moment du film.

Simone Signoret est morte à 64 ans en 1985 d'un cancer du pancréas et du côlon, Montand six ans plus tard à 70 ans d'un infarctus sur le tournage du film IP5 de Jean-Jacques Beineix. Ils se sont aimés jusqu'au bout

Dernières années

C'est le 15e film de Diane Kurys, 76 ans, depuis son film autobiographique DIABOLO MENTHE en 1977. Elle explique avoir choisi de raconter les dernières années de ce couple Montand-Signoret plutôt que leur vie et leurs carrières antérieures: "C’était justement ça qui me plaisait. Évoquer l’amour des gens qui ont déjà tout vécu ensemble. Signoret et Montand ont passé trente ans à s’aimer et à se haïr. Je trouvais bien plus intéressant de raconter la fin de leur relation que le début. Est-ce qu’ils s’aiment encore? Comment, malgré les trahisons, les infidélités et le temps qui a passé, ce couple tient-il debout et, dans le même temps, s’écroule doucement sous nos yeux? Pourquoi restent-ils ensemble? C’est le mystère qui traverse le film et qui a sans doute traversé leurs vies…"

Diane Kurys a déjà fait dans le biopic: LES ENFANTS DU SIÈCLE en 1999 (Juliette Binoche et Benoît Magimel en George Sand et Alfred de Musset) et SAGAN en 2007 (incarnée par Sylvie Testud).

Documentation

Pour le couple Montand-Signoret, avec sa coscénariste Martine Moriconi elle s'est documentée en profondeur: "Cinq ans de recherches: entretiens dans la presse, à la radio, à la télévision, rencontres avec les proches du couple. On a lu tout ce qui a été publié sur Signoret, sur Montand. On a écouté et regardé toutes leurs interviews. Et puis, on a revu leurs films".

Pour autant, ajoute-t-elle, "je n’ai pas cherché à raconter «le vrai», au sens de la «reconstitution exacte». Le biopic est un genre que j’ai aimé quand j’ai réalisé Sagan. Je voulais que Sylvie Testud soit Françoise Sagan jusque dans ses moindres gestes: sa façon de fumer, de parler, d’écrire. Cette fois, mon envie était différente. Parce que le film raconte avant tout une histoire d’amour. Une histoire universelle. Je ne voulais pas de mimétisme, ni dans les visages ni dans les corps".

Fiction

C'est pourquoi le film s'ouvre dans les loges de Roschdy Zem et Marina Foïs, que l'on maquille pour le tournage, comme un clin d'œil au spectateur pour lui dire (et c'est rappelé au générique de fin) que "ce film est inspiré de personnages ayant existé" mais que c'est une fiction, et que donc "tout est faux, sauf ce qui est vrai".

C'est pourquoi il n'a pas été demandé aux deux acteurs d'essayer d'imiter les vrais Montand et Signoret, leurs démarches, leurs attitudes ou leurs voix –même si Marina Foïs est surprenante de ressemblance et si Roschdy Zem sait prendre un petit accent chantant.

Vraies photos

Et c'est pourquoi, quand elle évoque la liaison entre Yves Montand et Marilyn Monroe en 1960 lors du tournage du film Le Milliardaire, Diane Kurys montre à plusieurs reprises les vraies photos de l'époque (à revoir ici et ici) que regarde, avec rancœur, Simone Signoret. "Je trouvais ridicule d’incruster l’image de mes acteurs dans les documents d’archives, alors j’ai préféré utiliser les véritables photos de Montand et Signoret", explique la réalisatrice.

Biopic plutôt sage, le film manque un peu de souffle mais pas de moments d'émotion et, si, si, la nostalgie est toujours ce qu'elle était: pendant toutes ces ultimes années du couple, dans leur petit duplex au 15 place Dauphine sur l'île de la Cité à Paris, dans leur maison de campagne en Normandie ou à l'hôtel-restaurant la Colombe d’or à Saint-Paul-de-Vence, défilent tout au long du film Serge Reggiani (Thierry de Peretti), Catherine Allégret, Jean-Louis et Nadine Trintignant, Alain Corneau, François Périer, Claude Sautet, Moshe Mizrahi.

Centré sur Signoret

Montand n'a pas le beau rôle mais Diane Kurys n'en fait pas trop. Car, comme l'indique le titre, le film est centré sur Signoret. "Le point de départ, c’était Simone Signoret. La femme, l’actrice", dit la réalisatrice. "Il y a quelque chose de fascinant chez elle; une force, une détermination, mêlées à une sorte de fragilité, de vulnérabilité. Avant de commencer à écrire, elle me semblait à la fois impressionnante et un peu pathétique. (…)  Je suis donc passée par Simone Signoret pour découvrir le couple, même si je connaissais un peu Montand, comme tout le monde". Un Montand à qui elle fait dire: "On ne quitte pas Simone Signoret".

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"On se couche avec Casque d'or, on se réveille avec Madame Rosa. Ça doit faire un choc" (Signoret à Montand, reconnaissant le poids des ans).

 

Moi qui t’aimais

(France, 1h59)

Réalisation: Diane Kurys

Avec Roschdy Zem, Marina Foïs, Thierry de Peretti

(Sortie le 1er octobre 2025)


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