LA BEAUTÉ DU GESTE

Million Yen Baby

Keiko (Yukino Kishii) est sourde de naissance mais cela ne l'a pas empêchée de devenir boxeuse professionnelle (©Keiko Me Wo Sumasete Production Committee/Comme des cinémas).
Keiko (Yukino Kishii) est sourde de naissance mais cela ne l'a pas empêchée de devenir boxeuse professionnelle (©Keiko Me Wo Sumasete Production Committee/Comme des cinémas).

Ce n'est pas vraiment un biopic mais c'est "une œuvre de fiction inspirée de faits réels": le film japonais LA BEAUTÉ DU GESTE, sur les écrans ce mercredi 30 août, raconte l'histoire de Keiko Ogasawara, première femme sourde à avoir obtenu une licence professionnelle de boxe au Japon.

Le film est tiré de l’autobiographie de la boxeuse, Makenaide!, parue en 2011, mais l'histoire est racontée ici en 2020, en pleine pandémie de Covid-19. Keiko (Yukino Kishii) vit dans les faubourgs de Tokyo où elle s’entraîne avec acharnement dans sa petite salle de quartier, au milieu des garçons et avec un entraîneur et un directeur compréhensifs et protecteurs.

Un an après avoir obtenu sa licence professionnelle, elle gagne son premier combat par K.O. après moins de deux minutes. Elle veut continuer la carrière, tout en gagnant sa vie en étant femme de ménage dans un hôtel. Son frère, qui vit avec elle en colocation, et sa mère sont fiers d'elle et assistent à son deuxième combat, qu'elle gagne aussi par K.O.

Des yeux de lynx

Keiko est sourde-muette de naissance et communique avec les autres par le langage des signes, plus ou moins facilement. Mais ce handicap ne l'empêche pas d'être douée pour la boxe. "Elle a des yeux de lynx, elle voit tout", dit le directeur de sa salle de boxe.

Keiko gagne peu à peu en notoriété. Pourtant parfois la lassitude la gagne, elle perd l'envie de se battre, elle a envie de tout arrêter. Et son petit club de boxe, l'un des plus anciens du pays, ouvert depuis 1945, est menacé de fermeture à cause de difficultés économiques…

Fiction quasi totale

Contrairement au film de Clint Eastwood MILLION DOLLAR BABY avec Hillary Swank (4 Oscars en 2005) auquel le film peut faire penser, les combats de boxe prennent peu de place ici. "J'ai décidé de renoncer à reconstituer les éléments du livre et j’ai opté pour une fiction quasi totale, qui reste a minima inspirée de la vie de Keiko Ogasawara", explique le réalisateur, Sho Miyake, 39 ans, dont c'est le premier film diffusé en France. Il a réalisé trois autres films, un documentaire musical et une série d'horreur pour Netflix.

Dans LA BEAUTÉ DU GESTE, il s'est attaché à montrer l'isolement du personnage de Keiko et la manière avec laquelle elle essaye d'en sortir, entre réflexion intérieure et ouverture aux autres. Pas facile quand on est une femme qui fait de la boxe, quand on est sourde, quand l'épidémie de Covid réduit les contacts (et empêche de lire sur les lèvres des entendants): "On a beau parler, on n'est pas moins seul", dit-elle à son frère.

Vie des quartiers

Le réalisateur filme le personnage de Keiko avec sa famille, ses amies, son entraîneur et le directeur de sa salle de boxe, les autres boxeurs. Il multiplie aussi les vues de Tokyo, montrant la vie des quartiers et le quotidien des habitants –même si, ici, l'épidémie de Covid vide un peu les rues.

LA BEAUTÉ DU GESTE est un film discret et délicat, attachant, sobre (à l'image de sa fin), joli portrait de femme magistralement interprété par Yukino Kishii, jeune actrice de 31 ans encore inconnue en France mais dont la notoriété monte au Japon depuis quelques années.

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"Ça fait du bien de frapper" (Keiko, à son frère qui lui demande pourquoi elle fait de la boxe).

 

La BeautÉ du geste

("Keiko, Me Wo Sumasete"/"Small, Slow But Steady") (Japon, 1h39)

Réalisation: Sho Miyake

Avec Yukino Kishii, Tomokazu Miura, Masaki Miura

(Sortie le 30 août 2023)


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