Gros casse danois
Tiré d'une histoire vraie, le film danois L'ULTIME BRAQUAGE (ce mercredi 28 mai sur les écrans) raconte le déroulement d'un casse rapide et minutieusement préparé qui tient en haleine le spectateur, avec en tête d'affiche un acteur français, Reda Kateb.
Mais le film commence par un autre braquage, l'attaque d'un fourgon de transport de fonds par des malfaiteurs à Göteborg, en Suède. L'affaire tourne mal, deux convoyeurs sont tués et les assaillants parviennent à s'enfuir.
Un an plus tard, l'un des braqueurs, un Danois, Kasper (Gustav Giese), veut se ranger des voitures. "Les conneries c'est fini. Je suis passé à autre chose", dit-il à ses anciens complices. Il est marié, a une fillette de 7 ans et veut faire carrière dans la boxe.
Ultime coup
Mais les combats ne lui apportent pas la gloire et l'argent espérés. Alors quand Slimani (Reda Kateb), dit "le Marocain", gangster chevronné, lui propose un ultime coup, il hésite et finit par accepter.
Cet ultime coup est un gros coup: l'attaque d'un entrepôt à Copenhague où sont stockés plusieurs dizaines de millions de couronnes danoises, provenant notamment des recettes de supermarchés. Avec de nombreux complices, Slimani organise tout et promet à Kasper que le braquage sera rapide, sans bavure, efficacement réalisé. Oui, mais…
Vrai hold-up
Le scénario s'inspire d'un vrai hold-up qui a secoué l'opinion publique danoise en 2008: le plus gros braquage de l'histoire du pays. C'est le deuxième long-métrage du jeune réalisateur danois Frederik Louis Hviid, qui a voulu insister autant sur les relations entre les deux personnages principaux que sur le braquage lui-même: le film comporte "des scènes d’action très découpées et haletantes, et des moments de tension beaucoup plus intimes", explique Reda Kateb.
L'acteur français décrit son personnage, Slimani, comme "une sorte de psychopathe à l’esprit extrêmement structuré. Quelqu’un qui est hors limites dans son rapport à l’autre et à la morale, mais qui a finalement trouvé dans ce métier de braqueur un endroit dans lequel il peut s’exprimer".
Rivalité
Entre Slimani et Kasper l'atmosphère, les attitudes et les dialogues sont souvent tendus, et la rivalité existe en arrière-plan. Et aucun des deux n'attire la sympathie du spectateur, dans une ambiance sombre et une réalisation épurée, sans esbroufe.
Il ne se passe pas grand-chose, le film semble arythmique, voire psychologique, centré sur la préparation du braquage final. Mais c'est là, au moment de l'action, que tout devient très intense, haletant, filmé souvent caméra à l'épaule –le vrai morceau de bravoure du film, pendant un bon quart d'heure. Ça valait le coup d'attendre.
Mauvais garçon
Bien sûr les spectateurs français de ce thriller de bonne facture jugeront surtout la belle performance de Reda Kateb, qui n'a pas eu peur de retomber dans un rôle de mauvais garçon comme au début de sa carrière. "Je me suis débarrassé de cette peur qui a pu être la mienne d’être catalogué et enfermé dans un type de rôles et d’emplois après Un prophÈTE, qui m’a révélé", dit-il.
"Aujourd’hui, j’ai joué des personnages suffisamment différents pour ne pas être assigné automatiquement à celui de braqueur". Par exemple interne en médecine dans HIPPOCRATE (2014, César du meilleur second rôle), Django Reinhardt dans DJANGO (2017), commandant de sous-marin dans LE CHANT DU LOUP (2019) ou éducateur d'enfants autistes dans HORS NORMES (2019). Mais en braqueur antipathique, on continue de l'apprécier aussi.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"Personne n'a jamais tenté ce coup" (Slimani à Kasper).
("De Lydløse") (Danemark/France, 1h50)
Réalisation: Frederik Louis Hviid
Avec Gustav Giese, Reda Kateb, Amanda Collin
(Sortie le 28 mai 2025)
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