HIGHWAY-65

Une femme disparaît

Au milieu des champs de maïs, Daphna la policière (Tali Sharon) enquête sans relâche sur la disparition d'une jeune femme dans une petite ville du nord d'Israël (©Dean Medias).
Au milieu des champs de maïs, Daphna la policière (Tali Sharon) enquête sans relâche sur la disparition d'une jeune femme dans une petite ville du nord d'Israël (©Dean Medias).

C'est une histoire de femmes. Dans le thriller israélien HIGHWAY-65 (ce mercredi 31 juillet sur les écrans), deuxième film de la réalisatrice Maya Dreifuss, l'actrice principale est une policière qui enquête sur la disparition d'une jeune femme, dans une petite ville du nord d'Israël. Autour d'elle les hommes s'agitent, mais elle avance sans se soucier des autres.

Quelques mois après sa mutation forcée de Tel Aviv à la petite ville d'Afoula, Daphna (Tali Sharon), brillante détective, découvre le téléphone abandonné d'Orly Elimelech. Connue pour ses liens avec la puissante famille Golan, cette ancienne reine de beauté a disparu depuis une semaine et reste introuvable.

Chien dans un jeu de quilles

Mais personne –son propriétaire, sa belle-famille, ses collègues du salon de coiffure, ses amis– ne s'en inquiète et ne la recherche. Veuve d'un soldat tué dans la dernière guerre du Liban, Orly, 36 ans, semble avoir eu récemment une liaison avec un homme marié, comme le révèle une vidéo dans son portable.

Dans cette petite ville où habitants et collègues ont du mal à l'accepter, Daphna va faire face à de nombreux obstacles dans son enquête difficile. Mais, chien dans un jeu de quilles, elle est déterminée à ce que rien ni personne ne l'arrête…

Trois atouts

Ce HIGHWAY-65, qui a reçu le Grand Prix du dernier festival du film policier Reims Polar en avril dernier, a trois grands atouts pour séduire: son scénario, son décor et surtout son actrice principale.

Côté scénario, le rythme lent et les fausses pistes créent une atmosphère parfois pesante, avec un beau suspense (surtout dans la dernière demi-heure), des personnages parfois inquiétants qui semblent tenir la ville sous leur coupe, et une réalisation bien maîtrisée. Outre l'histoire policière, la réalisatrice, à travers les personnages de la disparue et de l'enquêtrice, pose la question de la place accordée aux femmes dans cette petite ville de province et dans la société israélienne plus généralement.

Ville d'Afoula

L'atmosphère du film doit aussi beaucoup à Afoula, une ville à une centaine de kilomètres au nord de Tel Aviv, écrasée par la canicule, a priori dépourvue d’intérêt et qui semble au milieu de nulle part…"Il est vrai qu'Afoula est loin de tout et n’est pas la plus belle ville d’Israël, même si elle est entourée de champs de maïs et peut plaire aux gens qui aiment la nature", explique la réalisatrice.

"Mais il n’y a ni forêt, ni montagne, ni aucun mystère. Et c’est bien pour cela que j’ai décidé d’y situer mon histoire. Quand on pense ville de province, on imagine quelque chose d’esthétique lié à une certaine nostalgie. Il ne fallait surtout pas ressentir cela. Je ne voulais pas d’un coin touristique, de paysages grandioses. Il fallait que la mutation dans cette ville de cette enquêtrice de Tel Aviv soit ressentie comme une punition".

Remarquable actrice Tali Sharon

L'enquêtrice Daphna, remarquablement interprétée par l'actrice Tali Sharon, est le troisième atout majeur de ce film: vêtue de jeans et de baskets, mangeant des sandwiches dégoulinant de sauce et buvant des bières, un peu délurée, à la langue bien pendue, libre et sexuellement libérée, volontaire, intègre, obstinée, elle se consacre exclusivement à son travail et ne baisse jamais les bras.

C'est, explique Maya Dreifuss, "quelqu’un de normal. En règle générale, on parle toujours de l’apparence physique d’une femme avant de s’attacher au personnage en lui-même. Est-elle belle, moche, jeune, âgée, etc.? Là, j’ai refusé ce diktat. On ne pose jamais ce genre de question quand il s’agit d’un homme. Avant d’être une femme, Daphna est un être humain. Elle ne s’habille pas pour plaire, ne flirte pas, privilégie le pratique à la séduction. Elle est comme la ville d'Afoula: loin des clichés, ni horrible, ni extraordinaire…"

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"Elle est partie depuis une semaine et personne ne la cherche?" (Daphna, au début de l'enquête).

 

Highway-65

(Israël, 1h48)

Réalisation: Maya Dreifuss

Avec Tali Sharon, Idan Amedi, Sara von Schwarze

(Sortie le 31 juillet 2024)


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