Christine (Nicole Kidman) a 40 ans, est mariée depuis 14 ans avec Ben (Colin Firth), mais souffre d'un cas très rare d'amnésie: la nuit, elle oublie tout.
Chaque matin, quand elle se réveille, elle se demande qui est l'homme à côté d'elle dans le lit. Et chaque matin, Ben lui explique qu'il est son mari, et qu'elle souffre de cette perte de mémoire depuis un accident survenu 10 ans auparavant.
Puis Ben part à son travail (il est prof de chimie), laissant Christine au milieu des photos et post-it, un peu partout dans la maison. Peu à peu elle apprend qui elle est –jusqu'au soir. Le lendemain matin, elle a tout oublié. Le lendemain matin, tout recommence.
Depuis peu, cependant, Christine reçoit tous les matins, après le départ de Ben, un coup de fil de son médecin, le Dr Nasch (Mark Strong), un neurologue.
Pour l'aider à retrouver la mémoire, il lui conseille de tenir un journal vidéo. A l'insu de son mari, elle se filme et s'enregistre sur un petit appareil photo, qu'elle cache dans une boite à chaussures.
Et chaque matin, le Dr Nasch l'appelle et lui indique, au téléphone, où est caché l'appareil. Chaque matin, elle écoute donc ses enregistrements précédents, et rajoute de nouveaux témoignages.
Contrairement à Ben, le Dr Nasch explique à Christine que son amnésie est la conséquence d'une violente agression, il y a 10 ans, à l'issue de laquelle on l'a retrouvée nue, couverte de sang, entre la vie et la mort, près de l'aéroport...
L'un des deux hommes lui ment: ou Ben son mari, ou le Dr Nasch. Mais lequel. Et pourquoi?...
Ce scénario très malin est tiré d'un best-seller, le premier livre de l'écrivain britannique S.J. Watson, écrit en 2011. Ridley Scott en a acheté les droits et en a confié l'adaptation cinématographique au jeune réalisateur britannique Rowan Joffé, 40 ans.
Celui-ci est le fils de Roland Joffé, qui obtint la Palme d'or à Cannes pour son film MISSION. C'est son deuxième long métrage après BRIGHTON ROCK en 2011, d'après Graham Greene. Auparavant il avait réalisé des téléfilms et écrit des scénarios.
Le thème de l'amnésie et de la perte de mémoire est une mine d'or pour le cinéma. Depuis QUELQUE PART DANS LA NUIT de Joseph Mankiewicz en 1946, des dizaines de films se sont succédé sur ce sujet, notamment TROUBLES de Wolfgang Petersen (1991) ou AU REVOIR, A JAMAIS de Renny Harlin (1996), en passant par la science-fiction (TOTAL RECALL ou OBLIVION) ou la comédie sentimentale, d'AMOUR ET AMNÉSIE de Peter Segal (2004) au récent JE TE PROMETS de Michael Sucsy (2012). Mais le plus réussi dans le genre reste MEMENTO, de Christopher Nolan, en 2000.
Dans AVANT D'ALLER DORMIR, Rowan Joffé exploite toutes les ficelles consistant à ne distiller qu'au compte-gouttes les informations que le personnage principal, Christine, découvre peu à peu. Le spectateur a parfois, grâce à des flash-backs, un pas d'avance sur elle, mais jamais plus.
Alors certes quelques invraisemblances peuvent se glisser dans cette histoire assez tordue, pas avare de rebondissements. Mais le suspense a une telle densité, dans la dernière demi-heure, qu'on se laisse prendre au jeu.
Jusqu'au bout la pauvre Nicole Kidman ne sait quel côté croire –patibulaire ou sympathique– chez chacun des deux acteurs double-face qui l'entourent et font tout pour entretenir le mystère, autant Colin Firth (gentil ou méchant?) que Mark Strong (méchant ou gentil?).
Les amateurs de thriller passeront prendront donc une heure et demie de plaisir. Et si le lendemain ils ont tout oublié, ce n'est pas grave.
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Est-ce que c'est tous les jours comme ça? Tous les jours la même chose?'' (Nicole Kidman, au début).

AVANT D'ALLER DORMIR
(''Before I Go to Sleep'') (Grande-Bretagne, 1h32)
Réalisation: Rowan Joffé
Avec Nicole Kidman, Colin Firth, Mark Strong
(Sortie le 24 septembre 2014)