ARTHUR NEWMAN

D'une vie à l'autre

Emily Blunt et Colin Firth: une rencontre (©Mars Distriution)
Emily Blunt et Colin Firth: une rencontre (©Mars Distriution)

Changer de vie, tout effacer de son passé, recommencer une nouvelle existence, se donner une seconde chance, repartir de zéro. Le rêve de beaucoup. ARTHUR NEWMAN, premier film du réalisateur américain Dante Ariola, part de cette idée séduisante.
Wallace Avery (Colin Firth), chef de service à Federal Express à Orlando (Floride), n'aime plus sa vie. Divorcé, insatisfait dans sa vie professionnelle et familiale (il ne s'est pas occupé suffisamment de son jeune fils de 13 ans), il met en scène sa propre mort –une noyade dans la mer– et s'achète une nouvelle identité. Il devient Arthur Newman.
Il achète une voiture et met le cap sur Terre Haute, ville de l'Indiana dans laquelle il espère devenir professeur de golf, discipline dans laquelle il a une certaine expertise.
Mais, à peine a-t-il entamé son voyage vers cette nouvelle vie, voici qu'il rencontre une jeune femme au bord de la piscine du motel où il passe une nuit dans son trajet.
Elle s'appelle Mike (Emily Blunt), a un caractère et un parcours qui sortent de l'ordinaire, et intrigue et séduit Wallace/Arthur. D'ailleurs, elle-même cache elle aussi sa véritable identité...
Au lieu de continuer son chemin en solitaire, Wallace/Arthur va embarquer avec lui cette jeune femme séduisante, fantasque, non conventionnelle. Il trouve en elle une nouvelle raison de vivre, sur le plan sentimental. Pour le reste, le voyage vers son nouveau destin continue, et elle l'accompagne...
L'idée de départ du film est séduisante. Le problème est cependant le scénario: si dans les premières minutes on est séduit par l'histoire qui promet de se dérouler sur l'écran –avec un petit côté thriller–, tout semble s'écrouler dès que Colin Firth rencontre Emily Blunt.
Cela arrive trop tôt, et fait partir le film sur d'autres chemins. Fini le scénario d'une nouvelle identité et d'une nouvelle vie, on part sur un road movie sentimental à deux personnages, où le second vient vampiriser le premier. Et à trop charger la barque, le réalisateur rend son histoire moins crédible.
Bien sûr, Colin Firth se libère au contact d'Emily Blunt. Il se décoince: les deux font les 400 coups, s'introduisent dans des maison vides et y font l'amour comme des ados: levrette, fellation, ouh là là quelle révolution! (c'est un film américain: ouh là là quelle audace!).
Mais on est assez vite déçu de la tournure que prend cette aventure vers l'inconnu, ce saut vers une nouvelle vie, ce nouveau départ qui reste dans les starting-blocks. Et la fin de l'histoire confirme ce sentiment d'inachevé, de voyage raté, de tentative avortée. Dommage.
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Je t'aime, comme les étoiles aiment le ciel nocturne'' (Colin Firth à Emily Blunt).

ARTHUR NEWMAN
(États-Unis, 1h41)
Réalisation: Dante Ariola
Avec Colin Firth, Emily Blunt, Lucas Hedges
(Sortie le 7 mai 2014)