ALBERT À L'OUEST

Western iconoclaste

Sous les yeux d'Amanda Seyfried et de son fiancé moustachu, Charlize Theron apprend à Seth MacFarlane à tirer un bon coup (UPI)
Sous les yeux d'Amanda Seyfried et de son fiancé moustachu, Charlize Theron apprend à Seth MacFarlane à tirer un bon coup (UPI)

Le ''bad boy'' d'Hollywood a encore frappé. Deux ans après TED, son histoire d'ours en peluche émancipé et lubrique qui multipliait les frasques, les vulgarités et les plaisanteries à caractère sexuel, Seth MacFarlane récidive en se payant un western iconoclaste, pour son deuxième long-métrage.
Réalisteur, acteur, scénariste, producteur, il étale toujours un humour potache, décalé, provocateur et politiquement incorrect, pour exclure définitivement son film de la catégorie des comédies familiales tout public.
Seth MacFarlane y interprète le rôle principal, celui d'Albert, un éleveur de moutons de Vieille Souche, une bourgade du fin fond de l'Arizona en 1882. Comme il est lâche et déteste le Far West dans lequel il vit, sa fiancée Louise (Amanda Seyfried) le quitte et part avec un autre.
Peu après, une belle et mystérieuse inconnue, Anna (Charlize Theron), débarque en ville en compagnie de son frère, brute épaisse patibulaire. Elle ne tarde pas à se lier d'amitié avec le pauvre Albert, et l'aide à trouver un peu de courage, de fierté personnelle et de raison d'être.
Elle lui apprend même à tirer au revolver, lui le non-violent qui ne sait pas se servir d'une arme. Il en aura peut-être besoin contre ceux qui le considèrent comme un idiot. Ou peut-être contre Clinch Leatherwood (Liam Neeson), un hors-la-loi sanguinaire qui n'est autre que le mari d'Anna...
L'habileté de Seth MacFarlane a été de réaliser un western dans les règles de l'art, avec décors, personnages, bagarres et fusillades dignes de ce genre cinématographique, mais avec un scénario et des dialogues loufoques.
Côté scénario, c'est plutôt une succession de sketches, avec des scènes qui parfois ne sont prétexte qu'à amener un gag ou un bon mot. L'histoire est pratiquement sans intérêt, et vire sur la fin à la bluette sentimentale très conventionnelle.
Côté dialogues, ça tourne souvent autour de la trilogie pipi-caca-prout, avec variantes plus adultes à conotations sexuelles.
Une prostituée du saloon qui veut se marier avec un jeune homme timide mais sans coucher avec lui avant le mariage, un mouton qui passe sa vie sur le toit de la ferme, le cadavre du maire emmené et déchiqueté par des loups, une foire du village qui dégénère, un duel au pistolet dans la grand'rue poussiéreuse, des poursuites à cheval, des grands espaces, un train à vapeur, des indiens: il y a à boire et à manger dans cette farce géante, où les moments drôles côtoient les gags ratés et où l'humour gras tourne parfois un peu à vide, comme une machine trop bien huilée.
C'est rigolo et débridé, mais moins que ne l'était TED, peut-être à cause de cette transposition dans l'univers –parfaitement crédible et étonnament bien mis en scène– du western. On voit que Seth MacFarlane s'est bien amusé, mais on s'amuse un peu moins que lui dans ces plaines de l'Ouest américain de la fin du 19ème siècle.
On attend donc plutôt TED-2 et le retour en ville et à notre époque, l'an prochain, où l'on retrouvera l'ours mal léché et mal élevé, son propriétaire Mark Wahlberg, et Amanda Seyfried dans le rôle de la petite amie que tenait Mila Kunis dans le premier film.
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Parfois, l'unique moyen pour un homme de trouver le bonheur, c'est de se défoncer entre amis'' (proverbe apache cité par Cochise).

ALBERT À L'OUEST
(''A Million Ways to Die in the West'') (Etats-Unis, 1h57)
Réalisation: Seth MacFarlane
Avec Seth MacFarlane, Charlize Theron, Amanda Seyfried
(Sortie le 2 juillet 2014)