Tension diplomatico-militaire à Kaboul
Une tension diplomatico-militaire extrême dans l'enfer de Kaboul: inspiré de faits réels, le film 13 JOURS, 13 NUITS (ce vendredi 27 juin sur les écrans) raconte, dans un suspense haletant, l'exfiltration par l'ambassade de France de plusieurs centaines de personnes fuyant l'arrivée des Talibans dans la capitale afghane en 2021.
Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire, les Talibans prennent d’assaut Kaboul et s’emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, seule l'ambassade France est encore opérationnelle.
Le commandant Mohamed Bida (Roschdy Zem) et ses hommes, une dizaine de policiers du RAID, assurent la sécurité de l’ambassade. Ils laissent quelque 400 personnes, Afghans et Français, accéder aux locaux en leur promettent la protection de la France.
En coordination avec l'ambassadeur de France David Martinon qui attend la suite des événements à l'aéroport, Mohamed Bida va mener des négociations tendues avec les Talibans qui encerclent l'ambassade. Pour cela, il va demander l'aide d'une jeune Franco-Afghane, Éva (Lyna Khoudri), membre d'une ONG humanitaire depuis cinq ans, décidée elle aussi à quitter le pays et qui va lui servir d'interprète, au péril de sa vie.
Convoi vers l'aéroport
"J'ai un plan pour sortir de là", dit-il devant l'incrédulité de ses supérieurs et de ses hommes. Il va organiser un premier convoi d'une dizaine de bus vers l'aéroport, dans une folle course contre la montre. Parmi les personnes évacuées, la mère d'Éva, une journaliste américaine (Sidse Babett Knudsen) qui protèges des artistes locaux, et le chef des renseignements afghans, ami de Mohamed Bira et recherché activement par les Talibans.
Hélicoptères mitraillés, convoi stoppé à plusieurs reprises sur la route de l'aéroport, chaos autour de l'aéroport (contrôlé par les militaires américains) où des milliers d'Afghans essayent de fuir le pays: la mission est presque impossible. Mais Mohamed Bida s'est juré de fournir la protection de l'État français à toutes les personnes réfugiées dans l'ambassade…
Hommage émouvant
Pendant 13 jours et 13 nuits, 2.805 personnes seront ainsi évacuées, rappelle un des panneaux explicatifs dans le générique de fin, qui montre les vraies photos des personnes interprétées à l'écran. C'est bien sûr un hommage émouvant et solennel à Mohamed Bida, qui a raconté cette opération hors du commun dans un livre, 13 Jours 13 Nuits dans l’enfer de Kaboul (Ed. Denoël, 2022), dont est inspiré le film.
Fils de harki en Algérie, à deux semaines de la retraite lors des événements, Mohamed Bida est "un héros du réel, humain, qui se caractérise avant tout par son humilité et sa dévotion à sa mission, à ses hommes et aux Afghans réfugiés dans l’ambassade. Un héros essentiellement motivé par l’envie d’aider sans briller", explique le réalisateur, Martin Bourboulon.
Décors impressionnants
Tout le film est centré sur lui, avec un Roschdy Zem qui occupe tout l'écran dans une réalisation où le suspense tient en haleine le spectateur, et dans des décors impressionnants et crédibles, notamment autour de l'aéroport (le film a été tourné au Maroc).
"La description très méticuleuse dans le livre de l’opération d’exfiltration m’a fascinée. Mais c’est l’histoire de ces hommes et femmes forcés de fuir un pays qu’ils aiment qui m’a réellement bouleversé", dit Martin Bourboulon.
Hors-compétition à Cannes
Le film, qui rappelle le superbe ARGO de Ben Affleck en 2012 (qui racontait l'histoire vraie de l'exfiltration de six des otages de l’ambassade américaine au début de la Révolution iranienne en 1979), a été présenté hors-compétition au dernier Festival de Cannes.
"La force principale de ce film, c’est qu’il s’ancre dans le réel", ajoute le réalisateur. "Il retrace une opération authentique, menée dans l’urgence et le chaos par les forces françaises, avec un sang-froid et un sens du devoir remarquables. C’est un récit d’héroïsme collectif, de courage diplomatique, de responsabilité morale. Nous avions à coeur de montrer ces visages-là".
Éclectisme
C'est le 6e film de Martin Bourboulon, qui fait preuve d'un éclectisme rare dans le cinéma français: après des spots de pub et sept ans de collaboration avec LES GUIGNOS DE L'INFO sur Canal+ (2007-2014), il s'est imposé au cinéma avec les comédies PAPA OU MAMAN en 2015 et sa suite en 2016, le biopic EIFFEL en 2021 et les deux volets des TROIS MOUSQUETAIRES en 2023, D'ARTAGNAN et MILADY. Il a également réalisé la série la série CARÊME actuellement diffusée sur Apple-TV
"Après mes précédents films, j’avais aussi envie de me confronter à un sujet plus contemporain avec une approche différente", dit-il. 13 JOURS, 13 NUITS est non seulement palpitant et impeccablement réalisé, mais il est surtout un hommage mérité à ce commandant Mohamed Bida, héros des temps modernes, et à ses hommes du RAID dont on aperçoit la devise, sur un panneau de leur vestiaire, à un moment: "Servir sans faillir".
Jean-Michel Comte
LA PHRASE
"Le nuage est sombre mais ce qui en tombe est de l'eau pure" (proverbe afghan, cité par la mère d'Éva).
(France, 1h52)
Réalisation: Martin Bourboulon
Avec Roschdy Zem, Lyna Khoudri, Sidse Babett Knudsen
(Sortie le 27 juin 2025)
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