HERCULE

Demi-dieu, 100% héros

Il est trop fort, Hercule (©Paramount Pictures)
Il est trop fort, Hercule (©Paramount Pictures)

''Pas besoin d'être un demi-dieu pour être un héros''. C'est l'une des maximes, en fin de film, d'un des compagnons d'Hercule. C'est le thème du film, qui prend ses distances avec la légende mythologique.
Hercule (Héraclès chez les Grecs) est censé être le fils d'un dieu, Zeus, et d'une mortelle. Il a la force d’un dieu et les faiblesses, les sentiments, le comportement d’un mortel.
Mi-homme mi-légende, précédé d’une belle réputation après ses fameux 12 Travaux, Hercule débarque avec cinq amis mercenaires dans le royaume de Thrace où règne la guerre civile. Il accepte d’aider le vieillissant roi de Thrace, Cotys, et sa fille à vaincre les rebelles conduits par un impitoyable chef de guerre, Rhésus.
Les armées du roi Cotys sont inexpérimentées, ses soldats sont des amateurs. Pas seulement force de la nature mais aussi excellent coach et fin tacticien, Hercule va les entraîner à l’art de la guerre, avec l’aide de ses cinq compagnons, avant les mener au combat.
Mais au-delà de la victoire, Hercule poursuit un autre objectif, plus personnel: se débarrasser d’une obsession récurrente qui concerne les circonstances de l’assassinat, quelques années auparavant à Athènes, de sa femme Mégara et de leurs trois enfants. Qui les a tués? Des dieux, des rivaux, des hommes de main, Hercule lui-même dans une crise de folie?...
C’est Brett Ratner, le réalisateur américain des trois RUSH HOUR et du troisième X-MEN, L’AFFRONTEMENT FINAL, qui est ici aux commandes de ce film en 3D qui rappelle vaguement les peplums bodybuildés italiens des années 60 sur le même sujet.
Mais ici le scénario redescend Hercule sur Terre et en fait un mortel loin de l’Olympe, remettant en cause (ou expliquant) tous les aspects légendaires et mythologiques du personnage. ''La grande différence entre notre Hercule et les précédents est que c’est un être humain ordinaire niant être le fils d’un dieu grec'', explique le réalisateur, pour qui ''chaque légende prend sa source dans une histoire vraie''.
Le scénario est donc tiré d’une bande dessinée présentant l’histoire de cette façon: ''Hercule: Les guerres thraces'', du scénariste britannique Steve Moore, parue il y a quelques années.
Cela évite au spectateur la longue liste des Travaux d’Hercule. Après un rapide best-of des trois meilleurs (l’hydre de Lerne, le sanglier d’Erymanthe, le lion de Némée), les aventures d’Hercule combattant et de ses cinq compagnons peuvent commencer.
Pendant une heure, on s’ennuie un peu à regarder des batailles rangées et des cabotinages d'acteurs, avec une 3D qui n'apporte pas grand chose puisque les effets spéciaux sont limités (et c'est tant mieux). Puis arrive la confrontation avec Rhésus, dont l'armée est en supériorité numérique. ''Regarde-moi. Est-ce que j'ai l'air d'avoir peur?'', lui dit Hercule, droit dans les yeux.
C'est après, dans la dernière demi-heure, que le film devient plus original et plus intéressant. Quand les rebondissements de l'histoire et les tourments personnels du demi-dieu s'entremêlent. Sans oublier des pauses plus légères, plus drôles, plus désinvoltes.
Avec un physique qui empêche qu'on le confonde avec Woody Allen, Dwayne Johnson, ancien catcheur surnommé The Rock, était tout désigné pour jouer les gros bras. Quand il enlève son armure en cuir et sa peau de lion, torse nu, il est impressionnant (et, dit-on, s'est entraîné huit mois pour être physiquement parfait).
Les dialoguistes lui donnent l'occasion –ainsi qu'à ses compagnons– de prendre du recul avec la légende, de manier le second degré et l'humour avec un un certain bonheur, et de rivaliser parfois avec la décontraction d'un Schwarzenegger dans sa meilleure forme. ''Je ne suis pas un héros'', dit-il –mais il ne faut pas le croire.
A ses côtés, dans un petit rôle (mais son premier au cinéma) le mannequin russe Irina Shayk, petite amie du footballeur portugais Cristiano Ronaldo, n'est pas le moindre intérêt de ce film divertissant et sans prétention. Femme d'Hercule au cinéma, girlfriend de Cristiano Ronaldo dans la vie: cette jeune femme a du goût...
Jean-Michel Comte 

LA PHRASE
''Il ne tient qu'à vous d'écrire votre propre légende. Ce sera la victoire ou la mort'' (Hercule, exhortant ses troupes avant un combat à un contre trois).

HERCULE
(''Hercules'') (Etats-Unis, 1h38)
Réalisation: Brett Ratner
Avec Dwayne Johnson, Ian McShane, Rufus Sewell
(Sortie le 27 août 2014)