DEEPSEA CHALLENGE

Dans le fond, Cameron est le meilleur

James Cameron touche le fond, en beauté (©Walt Disney Company)
James Cameron touche le fond, en beauté (©Walt Disney Company)

C'est le réalisateur des deux plus gros succès de l'histoire du cinéma, TITANIC en 1997 (2,2 milliards de dollars de recette) et AVATAR en 2009 (2,8 milliards). Pas de problèmes de cotisations retraite. Il aurait pu couler des jours heureux sur une plage des Bahamas en sirotant des margaritas au coucher du soleil.
Mais non. A part le cinéma, James Cameron a une autre passion: la mer. Dans sa filmographie, on s'en doutait un peu depuis ABYSS en 1989. Et puis il y eut TITANIC, et ensuite les documentaires LES FANTÔMES DU TITANIC (2003), EXPÉDITION BISMARCK (2002, sur l'épave du cuirassé allemand coulé en 1941) et ALIENS OF THE DEEP (2005, sur les failles océaniques de l'Atlantique et du Pacifique).
Entre deux succès au box-office, depuis une quinzaine d'années il a préparé un projet scientifique qui lui tenait à coeur, et qu'il a mené à bien en mars 2012: être le premier homme à descendre dans l'endroit le plus profond des océans, la fosse des Mariannes, dans le nord-ouest du Pacifique. A 11 kilomètres de profondeur.
C'est cette aventure exceptionnelle qu'il raconte dans son documentaire DEEPSEA CHALLENGE, tourné avec la collaboration de National Geographic. Cela aurait pu s'appeler LE VRAI GRAND BLEU ou 2012, L'ODYSSÉE DES PROFONDEURS.
Le réalisateur –et explorateur, il faut bien l'appeler ainsi– canadien a fait construire un petit sous-marin de poche pour cette expédition. Envoyer des robots sous-marins filmer les grands fonds et les épaves, c'est bien; y aller soi-même, c'est mieux.
Un peu nombriliste –mais on le serait à moins–, il raconte son enfance dans ce documentaire (à 10 ans il se construisait un sous-marin avec une boite en carton), parle de plusieurs de ses tournages (dont celui d'ABYSS), filme sa femme qui l'encourage, rappelle les différentes étapes (dont un accident mortel) du projet.
Et puis, le jour J, on le voit plonger. Une caméra est à l'intérieur du sous-marin, une autre le filme à distance. A bord, James Cameron, 57 ans, cheveux courts, petite barbichette grise, oeil vif et malin derrière de fines lunettes, montre qu'il n'est pas claustrophobe.
C'est avec enthousiasme qu'il touche au but, près de deux heures plus tard. Là, on est un peu déçu de ne pas voir de faune et de flore sous-marines spectaculaires, le paysage est quasi lunaire –et le parallèle avec Neil Armstrong posant le pied sur la Lune vient naturellement.
Mais l'ivresse des profondeurs gagne le spectateur comme l'explorateur-réalisateur: c'est un moment historique, dans l'obscurité absolue éclairée par les lumières du petit sous-marin, 11 kilomètres sous la surface, bien loin des tapis rouges et des projecteurs d'Hollywood.
Exploit personnel, rêve d'enfant (le film est sous-titré L'AVENTURE D'UNE VIE), mais aussi mission scientifique: James Cameron passera trois heures dans le fond, rapportant des échantillons qui, après analyse, révèleront de nouvelles formes de vie.
Conclusion du Canadien: ''cette expédition a permis de donner un coup de projecteur sur le fait qu’il existe encore sur Terre une nouvelle frontière, tout un monde inconnu qui n’a pas encore été exploré".
Passionnant et sans temps mort, en 3D car on ne se refuse rien quand on s'appelle James Cameron, ce DEEPSEA CHALLENGE se veut finalement un plaidoyer pour la mer, par l'un de ses plus ardents défenseurs, commandant Cousteau des temps modernes: "On dépense beaucoup plus d’argent dans l’exploration de l’espace que dans celle des océans. Pourtant, l’océan est le système qui nous permet de vivre sur notre vaisseau spatial, la planète Terre. Nous sommes en train de le détruire encore plus vite que ce que l’on croit. C’est une véritable tragédie".
Bon, certes, James Cameron repart à la conquête de l'espace (et du box-office) bientôt: il prépare la suite d'AVATAR, prévue pour décembre 2016. Mais on sait déjà que dans cet AVATAR-2, les océans de la planète Pandora jouent un rôle crucial. La mer, toujours la mer...
Jean-Michel Comte

LA PHRASE
''Have fun. I love you'' (la femme de James Cameron, après un dernier baiser, avant sa plongée historique).

DEEPSEA CHALLENGE 3D, L'AVENTURE D'UNE VIE
(''James Cameron's Deepsea Challenge 3D'') (Etats-Unis, 1h30)
Réalisation: John Bruno, Andrew Wight, Ray Quint
Avec James Cameron, Frank Lotito, Lachlan Woods
(Documentaire)
(Sortie le 17 septembre 2014)