NEBRASKA

Père et fils, sur la route

Bruce Dern et Will Forte (©Paramount Pictures)
Bruce Dern et Will Forte (©Paramount Pictures)

C'est une histoire mélancolique, une comédie à l'atmosphère tristounette, un joli film où l'on rit beaucoup mais souvent avec le coeur serré: dans NEBRASKA comme dans ses précédents films, Alexander Payne raconte des tranches de vie de ''l'Amérique profonde'', comme on dit.
Un vieil homme (Bruce Dern), persuadé qu'il a gagné le gros lot lors d'un tirage au sort par correspondance, décide d'aller chercher son million de dollars. Il habite à Billings, dans le Montana, et veut se rendre à Lincoln, dans le Nebraska, à plus d'un millier de kilomètres de là.
Sa famille –sa femme et ses deux fils– s'inquiète de ce début de démence sénile. Mais le papy n'est pas si fou, et finalement l'un de ses deux fils (Will Forte) décide de l'emmener dans le Nebraska, pour passer quelques jours avec lui.
Sur le chemin, ils vont faire une escale forcée dans la petite ville du Nebraska où le vieillard est né. Celui-ci va revoir quelques vieux copains, revivre quelques souvenirs d'enfance...
Tourné en noir et blanc pour accentuer l'aspect mélancolique de l'histoire, ce road-movie père-fils rappelle, souvent, l'ambiance douce-amère des précédents films d'Alexander Payne: MONSIEUR SCHMIDT avec Jack Nicholson, SIDEWAYS avec Paul Giamatti et THE DESCENDANTS avec George Clooney.
C'est parfois d'une tristesse infinie, mais c'est parsemé de moments drôles et émouvants, de nonchalance et de joie de vivre. Au père et au fils viendra se joindre la mère, à un moment, et le voyage sera aussi l'occasion d'une réunion de famille cocasse.
''Je n'ai pas voulu mettre en avant la relation père-fils. Il y a aussi la mère, les cousins, les amis proches'', explique le réalisateur, originaire du Nebraska et qui décrit avec tendresse la vie simple des habitants du Midwest, loin de New York ou de la Californie.
Le film a reçu six nominations aux Oscars et, présenté l'an dernier au Festival de Cannes, a valu à Bruce Dern, 77 ans, le Prix d'interprétation masculine, dans ce rôle de père bougon, un peu zinzin mais roublard, qu'on a envie de protéger.
Jean-Michel Comte  

LA PHRASE
''Il a besoin d'une raison de vivre. C'est ça son problème'' (le fils, à propos de son père).

NEBRASKA
(États-Unis, 2h)
Réalisation: Alexander Payne
Avec Bruce Dern, Will Forte, June Squibb
(Sortie le 2 avril 2014)