A MAN

Thriller sentimental japonais

L'avocat de la veuve (Satoshi Tsumabuki) enquête pour savoir qui était vraiment le défunt (©ArtHouse/A Man Film Partners).
L'avocat de la veuve (Satoshi Tsumabuki) enquête pour savoir qui était vraiment le défunt (©ArtHouse/A Man Film Partners).

Du passé, il a fait table rase. Une femme découvre que son mari disparu n'est pas celui qu’il prétendait être: c'est la trame du film japonais A MAN (ce mercredi 31 janvier sur les écrans), un thriller sentimental passionnant et rempli d'interrogations existentielles.

À Miyazaki, ville du sud-ouest du Japon, Rie Taniguchi (Sakura Andô) tient une papeterie. Elle est divorcée, vit avec sa mère et son jeune fils. Elle n'est pas entièrement heureuse, souffre de solitude sentimentale, a parfois des crises de larmes silencieuses.

Mais un jour elle tombe amoureuse d'un de ses clients réguliers, Daisuke Taniguchi (Masataka Kubota), fraîchement débarqué en ville, gentil et timide, fragile, qui fait des dessins. Ils se voient, se marient, ont une petite fille.

Usurpation d'identité

Hélas presque quatre ans plus tard le gentil mari, qui travaille pour les eaux et forêts, est écrasé par un arbre qu'il est chargé d'abattre. Au premier anniversaire de sa mort, son frère voit sa photo sur l'autel mémoriel. Et dit à la veuve que non, non, non, ce n'est pas son frère.

Usurpation d'identité. "Mais alors, cet homme, c'est qui?", s'interroge la veuve. Elle engage alors son ancien avocat, Akira Kido (Satoshi Tsumabuki), qui s'était occupé de son divorce sept ans auparavant, pour enquêter sur la véritable identité de son défunt mari. Une enquête longue, difficile, et pleine de surprises…

Vainqueur des César japonais

Quatrième film du réalisateur japonais Kei Ishikawa, 46 ans, A MAN a été présenté en compétition à la Mostra de Venise 2022 et a été le grand vainqueur des Japan Academy Prize 2023 (l'équivalent des Oscars/César), avec huit récompenses dont celles du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario et du meilleur acteur.

Le film est une histoire à suspense, mais avec de nombreux à-côtés à la fois intimes et plus généraux. On suit les sentiments de la jeune veuve et ses interrogations, mais l'essentiel du film concerne l'avocat, d'origine coréenne, qui subit parfois le racisme anti-Coréens d'une certaine partie de la population japonaise.

Poids du passé

L'histoire donne aussi à réfléchir sur le poids du passé, la capacité des hommes à changer, à fuir ou à effacer leur passé, sur la possibilité de vivre une autre vie, de se donner une seconde chance, sur la peine de mort qui interdit tout pardon et toute rédemption, sur la filiation et la transmission, sur les liens familiaux.

"Il ne s'agit pas d'un simple film à suspense, dans lequel une réponse à la question «Qui est X?» est offerte à la fin. Il s'agit plutôt d'un labyrinthe sans issue. Le titre A Man est volontairement vague pour montrer que X peut être n'importe qui", explique le réalisateur, qui a réussi à construire un bel équilibre entre drame sentimental et familial et thriller policier.

Tableau de Magritte

Le film commence et se termine sur un tableau de René Magritte, Reproduction interdite, sur lequel on voit un homme de dos face à un miroir qui, au lieu de le refléter de face, le montre à nouveau, contre toute logique, de dos.

A MAN vaut aussi par la qualité de ses acteurs. La jeune veuve est interprétée par Sakura Andô, déjà remarquée en mère célibataire dans le récent film L'INNOCENCE et, en 2018, dans la Palme d'or du Festival de Cannes UNE AFFAIRE DE FAMILLE. Mais c'est surtout le personnage de l'avocat, interprété par Satoshi Tsumabuki, qui occupe l'essentiel de ce film captivant, intelligent, sensible et sans temps mort.

Jean-Michel Comte

 

LA PHRASE

"Ce que les pères plantent, les fils le coupent" (l'avocat Kido).

 

A Man

("Aru otoko") (Japon, 2h01)

Réalisation: Kei Ishikawa

Avec Satoshi Tsumabuki, Sakura Andô, Masataka Kubota

(Sortie le 31 janvier 2024)


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