Jusqu'au bout de soi
Dans LA VIE PURE, le réalisateur Jérémy Banster raconte l'histoire de Raymond Maufrais, un jeune explorateur qui a voulu traverser seul l'Amazonie. Le film, tourné dans de magnifiques décors naturels, retrace le parcours de cet
idéaliste en quête d'absolu.
Nous sommes en 1949. Raymond Maufrais a 23 ans, et il n'a pas froid aux yeux. Il veut découvrir un territoire qui n'a encore jamais été
exploré, peuplé de tribus vivant à l'écart du reste du monde. Faute de moyens financiers, il décide de se lancer en solitaire dans cette aventure, malgré les mises en garde de son entourage. Pour
beaucoup, cette expédition est suicidaire. Mais Raymond est obstiné, entêté, et sa recherche de la "vie pure" lui donne une détermination à toute épreuve.
Pourtant, il disparaît. Un Amérindien retrouve au bord d'un fleuve, dans la forêt amazonienne, le carnet de voyages qui l'accompagnait. Il y relate chacune de ses journées, ses
rencontres. Son père va le rechercher pendant 12 ans, montant plus d'une vingtaine d'expéditions et parcourant plus de 12.000 kilomètres. Le corps de Raymond Maufrais n'a jamais été
retrouvé.
Jérémy Banster s'inspire de faits réels. Il a voulu rendre hommage à ce jeune explorateur prêt à se dépasser pour découvrir des contrées inexplorées,
rencontrer des peuplades qui l'ont fait rêver quand il était enfant. Mais le cinéaste n'en fait pas pour autant un héros. Stany Coppet, l'acteur qui incarne le jeune explorateur, révèle aussi la
folie de ce personnage jusqu'au-boutiste, qui se lance dans une épopée suicidaire. Raymond Maufrais ne veut pas voir le danger, et se retrouve piégé par la dureté de la nature qui
l'entoure.
Le film est prenant, à la fois par les images magnifiques d'une nature qui semble indomptable, et par l'histoire de cet homme inconscient qui refuse de
faire marche arrière, et veut à tout prix atteindre son but, quoi qu'il arrive. Aurélien Recoing, Daniel Duval, Alex Descas et Elli Medeiros complètent la distribution aux côtés de
Stany Coppet, impressionnant,
qui a perdu 18 kilos pour le rôle. On pourra déplorer certaines séquences répétitives dans la jungle, parfois difficilement soutenables, mais on reste aussi admiratif devant la persévérance de
l'explorateur.
LA VIE PURE a été tourné principalement dans la forêt amazonienne, en Guyane française. Pendant quatre semaines, l’équipe vit coupée du monde. "Nous
passons par toutes les émotions possibles et finissons... épuisés", raconte Jérémy Banster, impressionné par la détermination du jeune explorateur. "Qui n'a jamais souhaité laisser tomber
son quotidien pour vivre une aventure comme celle-ci? Lui l'a rêvé et l'a fait", ajoute-t-il.
A quelques jours de la tenue à Paris de la COP21, la
Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, le film invite aussi à réfléchir sur l’importance de la préservation de tels espaces naturels. Pour que des tribus puissent continuer
à y vivre, l'harmonie entre l’homme et la nature ne doit pas être rompue.
Pierre-Yves Roger
LA PHRASE
"J'ai la certitude de découvrir quelque chose d'inconnu, d'extraordinaire" (Raymond Maufrais, incarné par Stany Coppet).
(France, 1h33)
Réalisation: Jérémy Banster
Avec Stany Coppet, Aurélien Recoing, Elli Medeiros
(Sortie le 25 novembre 2015)